74% des Français estiment que les métiers du secteur public sont sous-valorisés

Le lundi 12 juin, le gouvernement a annoncé des mesures de revalorisation des salaires dans la fonction publique. Pas moins de 5,7 millions d’agents publics sont concernés. Cette augmentation générale, quoique jugée trop faible par les syndicats, nous rappelle toutefois que les métiers du secteur cultivent une ambivalence chronique : ils sont essentiels au bon fonctionnement d’une société, mais semblent en même temps souffrir d’un déficit de reconnaissance.

Ainsi, comment les Français salariés du public et du privé perçoivent-ils ces métiers ? Quelles en sont les forces et les faiblesses d’après eux ? Et que disent ces perceptions de notre société ?

Indeed s’est penché sur la question dans le cadre de sa nouvelle étude portée auprès de 1600 salariés français. Et il s’avère qu’entre la théorie et la pratique… il n’y a pas qu’un pas.

Méthodologie : Mené du 10 au 19 mai 2023, ce sondage a interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) un échantillon de 1594 salariés du secteur public et du secteur privé, représentatif de la population salariée française. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.

Quête de sens, avantages sociaux, sécurité de l’emploi… En théorie, les métiers du secteur public ne manquent pas d’atouts !

Associé à des métiers inspirants, le secteur public jouit dans l’ensemble d’une bonne opinion de la part des Français. L’essence même de ces activités (quelles qu’elles soient) donne en effet aux salariés le sentiment qu’il permet d’exercer des métiers qui ont du sens (86%) et qui sont passionnants au quotidien (78%).

Les salariés du public eux-mêmes sont d’ailleurs les premiers à défendre l’idée que le secteur public donne la possibilité de faire un métier qui a du sens (90%)

Les salariés du public soulignent également le caractère passionnant de leurs propres métiers (87%)

Les principaux atouts identifiés des métiers du secteur public sont les avantages sociaux qu’ils proposent, selon 72% des répondants.

Les jeunes salariés de moins de 35 ans sont particulièrement sensibles à ces avantages : trois quarts d’entre eux estiment que le secteur public permet d’en bénéficier (75% contre 65% parmi les salariés de 50 ans et plus).

La sécurité de l’emploi, les conditions de travail (horaires, conditions…) ainsi que l’accès à certaines facilités sont d’autres avantages reconnus par les salariés.

Parmi les garanties qu’offre le secteur public, la sécurité de l’emploi semble être une constante depuis 20 ans, selon 85% des salariés français. Plus de la moitié (56%) estime même que cette garantie est présente autant si ce n’est plus qu’il y a 20 ans.

Les horaires confortables (78%) et les conditions attractives de travail (70%) sont aussi des garanties non négligeables qu’offrirait le secteur public d’après l’ensemble des salariés interrogés.

L’accès à certaines facilités (prêt immobilier, caution…) s’avère aussi être une donnée rassurante pour les personnes qui s’engagent dans le secteur du public (78%), notamment les jeunes actifs de moins de 35 ans qui débutent dans la vie professionnelle (81% contre 72% de leurs aînés).

Ces « avantages » séduisent donc tout particulièrement deux sous-catégories de répondants : les jeunes salariés de moins de 35 ans d’une part, et certains salariés du privé d’autre part.

Les salariés de moins de 35 ans recherchent en priorité un équilibre vie professionnelle – vie personnelle : 88% déclarent en effet être intéressés par la semaine de 4 jours avec rémunération identique ET horaires réduits[1]. Ils sont ainsi 76% à juger que les conditions de travail du secteur public sont attractives (contre 67% des 50 ans et plus).

Les salariés du privé ayant déjà envisagé de rejoindre le secteur public sont également sensibles à ces avantages sociaux, puisque parmi les principales raisons qui les auraient incités à rejoindre le secteur public, on trouve : la sécurité de l’emploi (54%), les horaires de travail (35%), ou encore le nombre de jours de vacances (29%).

S’ils sont perçus comme bénéficiant d’atouts réels selon l’ensemble du salariat français – notamment auprès de jeunes et de salariés du privé en quête d’avantages sociaux que leur secteur n’offre pas ou plus assez -, les métiers du public ne souffrent pas moins d’une image fortement dégradée.

Pourquoi ?

En pratique, le sentiment de manque de reconnaissance est criant… et la crise est partout !

La bonne image que les Français cultivent à propos des emplois du secteur public se voit en effet altérée par une perception plus négative, notamment lorsque celle-ci touche à la pratique du métier.

Ainsi, les métiers du secteur public manqueraient cruellement de reconnaissance pour la majorité des salariés interrogés.

Plus de trois salariés sur quatre estiment que ces métiers ne sont pas assez valorisés aujourd’hui (74%).

70% estiment que les agents et fonctionnaires ne sont pas respectés par les publics avec lesquels ils sont en contact – patients, élèves… – ou en tout cas, moins qu’il y a 20 ans.

Ce manque de considération intervient dans un contexte de crises multiples des métiers du public, qui ont fragilisé leur pratique et la capacité des agents et fonctionnaires à pouvoir bien faire leur métier : pour un salarié sur deux, les métiers du secteur public sont désormais difficiles à exercer (49%).

En outre, c’est parmi les métiers du secteur public que l’on trouve les activités considérées comme les plus difficiles à exercer selon les Français et notamment les fonctionnaires eux-mêmes :

Les métiers de la santé (58%, contre 65% pour les fonctionnaires ) (Source : Etude OpinionWay pour Indeed : les salariés et les nouvelles aspirations au travail.

Les métiers de l’éducation (41%, contre 54% pour les fonctionnaires),

Les professions des forces de l’ordre, telles qu’officier de police (46%, contre 58% pour les fonctionnaires)

De surcroît, les métiers considérés comme les plus difficiles à exercer sont également ceux qui manquent le plus de moyens. Les métiers de l’éducation et de la santé sont particulièrement cités par les répondants :

• 66% estiment que les professions médicales manquent de financements
• 50% pensent de même pour les métiers de l’éducation
• 27% pensent de même pour la police

Enfin, la dichotomie théorie/pratique s’agissant de la perception des Français des métiers du secteur public se vérifie à la lumière des « avantages sociaux ». Directement concernés, les salariés du public tendent en effet à nuancer ces bénéfices et, par extension, dépeignent un quotidien moins facile que les salariés du privé ne l’imaginent.

Seuls 42% des salariés du public estiment que travailler dans le secteur public permet de bénéficier d’avantages sociaux importants (contre 81% parmi les salariés du privé).

Seuls 59% des salariés du public reconnaissent que le secteur garantit des conditions de travail attractives (contre 74% pour les salariés du privé)

Enfin, 64% des salariés du public confirment qu’ils ont accès à certaines facilités (contre 81% des salariés du privé).

En théorie, les Français tendent à fantasmer les métiers du secteur public pour ce qu’ils incarnent symboliquement et pour des avantages sociaux communément reconnus ; en pratique, ils semblent craindre ces mêmes métiers du fait de leur difficulté, de leur manque de valorisation, et de leur état de crise permanent. Et ce ne sont pas les récentes crises que le secteur a dû traverser (Covid, Guerre en Ukraine, inflation) qui nuanceront les avis.

À propos d’Indeed

Indeed est le premier moteur de recherche d’emploi au monde. Disponible dans plus de 60 pays et dans 28 langues, Indeed représente la première source de candidats pour des milliers d’entreprises. Plus de 3 millions d’employeurs utilisent Indeed afin de trouver et embaucher de nouveaux employés. Plus de 300 millions de personnes effectuent une recherche d’emploi, publient leur CV et recherchent une entreprise via Indeed chaque mois. Indeed fournit enfin 2,5 fois plus d’embauches que les autres sites d’emploi de marque réunis (Source : Hire Report 2021, États-Unis).