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Selon que vous serez puissant ou misérable …

Jean de La Fontaine a conclu sa fable « Les animaux malades de la Peste » par « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

Pendant longtemps – trop longtemps – les riches et les puissants de notre pays ont semblé au-dessus des lois. Les tribunaux semblaient indulgents à leur égard, comme si leur statut les plaçait hors d’atteinte. Mais les choses ont changé. Et ce tournant paraît désormais irréversible.

L’un des premiers à en faire les frais fut Patrick Balkany, maire de Levallois, condamné à une peine de prison ferme pour fraude fiscale et blanchiment. Un choc à l’époque, qui marquait un basculement dans l’attitude des juridictions envers ceux que l’on croyait intouchables.

Depuis, les exemples se multiplient : Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, purge actuellement une peine de prison sous bracelet électronique. Plus récemment, Marine Le Pen a été déclarée inéligible pour cinq ans par un tribunal, une peine applicable immédiatement, même si elle reste susceptible d’appel.

Et ce n’est peut-être qu’un début. Nicolas Sarkozy risque jusqu’à sept ans de prison dans une autre affaire encore en cours.

Dès lors, on peut se demander si la morale de La Fontaine n’a pas pris un coup de vieux. Peut-être même vivons-nous une époque où la justice se montre plus sévère avec les puissants qu’avec les anonymes. Une forme de rééquilibrage, tardif mais salutaire, qui réconcilierait enfin les citoyens avec le principe d’égalité devant la loi.

Fable de Jean de La Fontaine
Les animaux malades de la Peste

  • Les animaux malades de la peste
  • Un mal qui répand la terreur,
  • Mal que le Ciel en sa fureur
  • Inventa pour punir les crimes de la terre,
  • La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
  • Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
  • Faisait aux animaux la guerre.
  • Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
  • On n’en voyait point d’occupés
  • A chercher le soutien d’une mourante vie ;
  • Nul mets n’excitait leur envie ;
  • Ni Loups ni Renards n’épiaient
  • La douce et l’innocente proie.
  • Les Tourterelles se fuyaient :
  • Plus d’amour, partant plus de joie.
  • Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
  • Je crois que le Ciel a permis
  • Pour nos péchés cette infortune ;
  • Que le plus coupable de nous
  • Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
  • Peut-être il obtiendra la guérison commune.
  • L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
  • On fait de pareils dévouements :
  • Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
  • L’état de notre conscience.
  • Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
  • J’ai dévoré force moutons.
  • Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
  • Même il m’est arrivé quelquefois de manger
  • Le Berger. Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
  • Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
  • Car on doit souhaiter selon toute justice
  • Que le plus coupable périsse.
  • – Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
  • Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
  • Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
  • Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
  • En les croquant beaucoup d’honneur.
  • Et quant au Berger l’on peut dire
  • Qu’il était digne de tous maux,
  • Etant de ces gens-là qui sur les animaux
  • Se font un chimérique empire.
  • Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
  • On n’osa trop approfondir
  • Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
  • Les moins pardonnables offenses.
  • Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
  • Au dire de chacun, étaient de petits saints.
  • L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
  • Qu’en un pré de Moines passant,
  • La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
  • Quelque diable aussi me poussant,
  • Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
  • Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
  • A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
  • Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
  • Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
  • Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
  • Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
  • Rien que la mort n’était capable
  • D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
  • Selon que vous serez puissant ou misérable,
  • Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Olivier Kauf

Consultant depuis plus de 30 ans, Je suis depuis une dizaine d'années journaliste, professionnel dans le domaine des risques et des assurances pour le e-mag RiskAssur-hebdo (https://www.riskassur-hebdo.com) et témoin de mon époque pour https://notre-siecle.com et https://perelafouine.com.sans oublier notre planète https://terre-futur.com RiskAssur, Notre-Siècle et PèreLaFouine proposent chaque jour de nouveaux articles issus de la rédaction : la vie des sociétés (nominations, acquisitions, accords, …), des tests/présentations de produits, des ouvrages (professionnels, romans, bd, …), … Je peux : - présenter vos produits ou nouveaux ouvrages (il suffit de me les envoyer) - écrire sur des sujets à la demande pour du référencement SEO - publier vos communiqués de presse - Publier vos AAPC - … Une question, une remarque : olivier@franol.fr

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