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Recrutement : faut-il indiquer des critères de diplôme ou d’école dans les offres d’emploi ?

A l’heure où les recruteurs sont les premiers à reconnaître qu’ils accordent une importance croissante aux soft skills (et même aux “mad skills”) pour choisir les nouvelles recrues de leur entreprise, les critères liés au niveau d’études, au diplôme obtenu ou à l’école de provenance souhaités ont la vie dure et figurent très majoritairement dans les offres d’emploi. Mais est-ce vraiment dans l’intérêt des entreprises ?

Indeed a mené une étude qualitative auprès de professionnels du recrutement en France ayant au moins deux ans d’expérience, sous forme de longs entretiens, pour mieux connaître leurs attentes, leurs habitudes et leurs opinions concernant ce critère.

Méthodologie : Cette étude qualitative a été menée par Indeed auprès de 11 professionnels des RH ou managers en charge de recrutement travaillant en France et ayant plus de deux ans d’expérience dans le recrutement. Ces professionnels travaillent dans des secteurs différents et dans des entreprises de tailles variables. Les entretiens ont été organisés en ligne durant 45 minutes chacun, entre le 18 septembre et le 29 septembre 2023.

Malgré une envie de s’affranchir progressivement de ce critère, les recruteurs ont du mal à faire évoluer les usages

Le constat des professionnels des RH est simple : presque toutes les offres d’emploi – et en particulier celles concernant des “cols blancs” ou employés de bureaux – indiquent encore des informations liées au diplôme ou a minima au niveau d’études (Bac+5, Bac+3, etc.). Traditionnellement, ces informations ont toujours été un critère de base pour le recrutement, et sont associées à une forme de garantie de niveau de compétences, voire d’intelligence ! Les recruteurs d’aujourd’hui sont néanmoins bien conscients qu’il est insatisfaisant de résumer une personne à son bagage académique, et que celui-ci ne peut pleinement garantir qu’un candidat sera compétent ou adapté pour le travail auquel il postule.

Les professionnels des RH ont également compris que dans un monde du travail et un paysage de l’emploi en pleine transformation, les soft skills et la capacité d’adaptation seront bientôt beaucoup plus précieuses que les savoirs acquis via un diplôme, susceptibles selon les domaines d’activité de devenir obsolètes. Cependant, les pratiques ont du mal à évoluer : il existe des biais liés au parcours scolaire et post-bac. Certains décisionnaires dans les entreprises pensent encore que les compétences intellectuelles sont proportionnelles au nombre d’années d’études, et sont souvent enclins à favoriser des candidats provenant de la même école ou université qu’eux (cela s’appelle le biais de similitude).

“La transformation technologique rapide de notre société a rebattu les cartes des compétences recherchées, et condamné certains diplômes à une obsolescence croissante. Les recruteurs eux-mêmes reconnaissent que ce n’est pas un critère particulièrement important (et abordé) lors de l’entretien. Recruter sur la base d’un niveau de diplôme est discriminatoire. Et à l’heure actuelle, où le marché de l’emploi connaît en plus une pénurie de talents, il est dommageable pour les entreprises de se limiter à des profils ayant eu un parcours de formation particulier. Nombreuses sont celles qui déclarent d’ailleurs avoir dû assouplir leurs critères par manque de candidatures pertinentes reçues. Limiter le recrutement à une liste de cases à cocher (dont celle du diplôme), c’est passer à côté de nombreux talents qui auraient parfaitement correspondu au poste. Et les entreprises n’employant que des profils similaires ont plus de chances de manquer de créativité, d’innovation ou de singularité, qui sont pourtant essentielles pour se démarquer de la concurrence”, explique Eric Gras, Spécialiste du marché du travail chez Indeed France.

Certaines entreprises établissent des classements d’écoles et font correspondre les rémunérations à des diplômes

Non seulement les entreprises françaises accordent encore beaucoup d’importance aux études réalisées par les candidats – même quand celles-ci datent d’il y a 20 ans ! – mais certains professionnels interrogés disent avoir établi un classement en interne des écoles et/ou diplômes visés, considérant certains profils comme “candidats de rêve” s’ils cochent les bonnes cases. Certains font également part de l’existence de grilles de rémunération dépendant du diplôme ou de l’école de provenance.

“Le fait de fixer la rémunération d’un emploi en fonction de ce qu’une personne “est” (son parcours de formation), plutôt que des responsabilités qu’elle a, pose question car cela conserve les inégalités dans le temps. Dès le début de l’existence, nous n’avons pas tous les mêmes chances d’accéder à un diplôme élevé. Si deux personnes sont également compétentes pour un même poste, pourquoi rémunérer davantage celle qui a le bagage de formation le plus impressionnant ? D’autant plus qu’en démarrant sa carrière avec une rémunération plus basse, malgré des négociations successives d’augmentations, il peut être difficile de rattraper le niveau de rémunération des autres profils plus diplômés”, ajoute Eric Gras.

De l’importance d’adopter un recrutement fondé sur les compétences

Les compétences (savoirs, savoir-faire, et savoir-être) sont au cœur du matching entre un candidat et un emploi. Certaines informations dans les CV peuvent “parasiter” les décisions et arbitrages des recruteurs, les détournant des compétences réelles des candidats. Il s’agit notamment de la photo, du nom, de l’adresse du candidat, et pourquoi pas du diplôme de fin d’études ? Des recruteurs interrogés dans cette étude illustrent d’ailleurs une certaine prise de distance avec ce critère : “Pour un recrutement de jeune diplômé, je préfère un Bac+3 ayant fait une alternance qu’un Bac+5 sans expérience professionnelle, car l’alternance démontre davantage une capacité d’organisation et de résistance au stress”, déclare l’un d’entre eux.

La lutte contre les biais, notamment via des formations visant à sensibiliser les décisionnaires et les recruteurs à leur existence, est aussi essentielle pour limiter les “angles morts” du recrutement. Les personnes interrogées dans l’étude ont expliqué qu’aujourd’hui il existe une grande différence de sensibilisation entre les professionnels des RH et le reste des décisionnaires impliqués dans les recrutements au sein des entreprises – et ce sont précisément ceux-ci qui ont le dernier mot pour choisir un candidat. Or, aujourd’hui, ces formations sur les biais de recrutement n’abordent que très peu, voire pas du tout, les biais et stéréotypes liés au niveau d’études des candidats.

Candidats, ne vous auto-censurez pas !

“Trop de chercheurs d’emploi se découragent à la lecture des critères listés dans les offres d’emploi, qu’il s’agisse du type de diplôme ou de l’expérience recherchée. Il arrive que des candidats cochent toutes les cases, mais cela ne représente pas la majorité des cas. Nous encourageons les candidats qui se sentent compétents pour le poste décrit à tenter leur chance même s’ils ne remplissent pas parfaitement tous les critères. Le recrutement, c’est aussi la survenue de bonnes surprises lors des entretiens, et il est important de tout faire pour essayer d’atteindre cette étape. En effet, il est bien plus difficile d’appliquer un biais de recrutement sur un candidat une fois qu’on l’a rencontré et qu’il nous a fait bonne impression”, explique Eric Gras.

“Si votre niveau d’études ou votre intitulé de diplôme n’est pas un atout dans votre recherche, prenez encore plus soin de détailler vos expériences professionnelles dans votre CV, agrémentées d’exemples précis et détaillés permettant d’illustrer vos compétences et votre capacité à relever les défis du poste que vous visez”, encourage-t-il.

A propos d’Indeed

Indeed est le premier site d’emploi au monde (source : Comscore, Total Visits, juin 2023) et permet aux chercheurs d’emploi d’accéder à des millions d’offres dans plus de 60 pays et dans 28 langues. Environ 3,5 millions d’employeurs utilisent Indeed pour chercher et recruter de nouveaux salariés. Plus de 350 millions de personnes utilisent Indeed chaque mois pour faire une recherche d’emploi, publier leur CV, rechercher une entreprise, etc.

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