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Journée mondiale du Refus de la Misère

ATD Quart Monde appelle à en finir avec la pauvrophie et demande l’effectivité des droits

ATD Quart Monde s’inquiète de la multiplication, ces dernières semaines, des discours laissant croire que les pauvres seraient responsables de leur situation ou qu’ils s’en satisferaient. Ces discours ont des conséquences délétères : en plus de pointer du doigt des personnes qui sont déjà fragilisées dans leur accès aux droits, ils servent à justifier le recul des droits, comme en témoignent les réformes à venir du RSA et de l’assurance chômage. Ils contribuent à augmenter encore le taux déjà alarmant de non recours aux droits.

Ces discours sont d’autant plus inquiétants au moment où l’inflation pèse lourdement sur les plus pauvres. Aujourd’hui, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France dont 3 millions d’enfants. 9 millions de personnes qui voient leurs conditions de vie déjà précaires se dégrader face à l’augmentation de l’énergie, de l’alimentation et des loyers. Autant de postes de dépenses incompressibles qui pèsent plus lourdement sur le budget des plus pauvres. Et ce ne sont pas les 4 % d’augmentation des minima sociaux, la hausse de 3,5 % des APL ou les primes distribuées ponctuellement qui permettront de faire face durablement à l’augmentation du coût de la vie.

Plus que des coups de pouce ou des réformes stigmatisantes, c’est bien d’un renforcement de l’accès aux droits dont ont besoin les personnes les plus pauvres pour pouvoir vivre dignement.

Pour ATD Quart Monde, cela passe notamment par un revenu décent, assurant une vie digne, condition sine qua non pour pouvoir se projeter dans l’avenir, et par un accompagnement humain de qualité plutôt qu’une quelconque conditionnalité à l’octroi des minima sociaux, comme le prévoit la future réforme du RSA.

Au lieu d’augmenter les contrôles et le durcissement d’accès aux droits des personnes privées d’emploi et des travailleurs précaires, comme prévu par la réforme de l’assurance chômage, ATD Quart Monde appelle à repenser l’emploi. Cela passe par la création d’emplois bien rémunérés et qui ont du sens, des conditions de travail dignes et décentes, une formation et un accompagnement de qualité accessibles à toutes et tous et des droits renforcés pour les salariés, à l’image de ce qui se fait dans les Territoires zéro chômeur de longue durée.

Enfin, il faut concilier écologie et justice sociale. Alors qu’ils sont contraints à une vie sobre, les plus pauvres sont aussi les premiers impactés par les effets du changement climatique et de la crise énergétique. Face à cette double peine, ATD Quart Monde appelle à des mesures favorisant une transition écologique juste et ambitieuse, notamment en matière de rénovation énergétique, de mobilité propre et d’alimentation choisie et de qualité accessible à toutes et tous.

Pour Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde : « La Journée mondiale du Refus de la Misère est l’occasion de rappeler que la pauvreté n’est pas un choix, mais une violence subie. Nous ne connaissons aucune personne qui fasse volontairement le choix du chômage ou du RSA. Nous devons sans relâche lutter contre les discours qui affirment le contraire, car en renvoyant les pauvres à leur responsabilité individuelle, on veut faire oublier celles de l’État qui n’est pas à la hauteur dans la lutte contre la pauvreté. Il y a urgence à mettre en œuvre des réformes qui renforcent les droits et leur application au quotidien, au lieu de détricoter notre système de protection sociale sur fond de pauvrophobie. L’État doit prendre sa part de responsabilité dans la lutte contre la grande pauvreté et pour cela nous avons besoin d’être rejoint par le plus grand nombre dans ce combat. »

Comme le rappelle, un groupe de militantes Quart Monde, allocataires du RSA : « On nous accuse souvent d’être des profiteurs, des fraudeurs, des fainéants qui préfèrent se la couler douce avec le RSA plutôt que de travailler. Ceux qui tiennent ces propos sont dans l’ignorance de ce que nous vivons au quotidien, trop loin de nous pour percevoir le degré de courage, la ténacité, la résistance dont on doit faire preuve au quotidien pour rester des hommes et des femmes debout. Vivre dans la grande pauvreté, ce n’est pas vivre, c’est survivre. Vivre dans la grande pauvreté, c’est gérer l’ingérable, c’est passer d’une urgence à une autre. C’est être en lutte sur tous les fronts en même temps. »

perlafouine

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