Imagine un Monde le nouvel album de David Hallyday
David Hallyday chante l’union qui offre la force. Briser les différences pour avancer ensemble. “Quand tu commences à t’interroger, c’est que tu commences à avoir envie”.
Son nouvel album, “Imagine un Monde”, est une pierre déposée, un commencement, la volonté de voir plus loin, plus haut. Avec très peu ou avec une multitude de sources, la musique de David Hallyday ne ressemble qu’à elle-même. Insoumise, sans entrave, libre.
L’album s’intitule donc “Imagine un Monde”. Imaginer avant de bâtir. Dessiner avant d’édifier.
Et David n’a pas peur. La trouille, il l’a dépassée depuis bien longtemps. Son carburant, c’est plutôt l’espérance, l’envie d’en découdre avec l’inexorable.
David Hallyday ne l’ignore pas: La culture est toujours pionnière, elle anticipe, elle devine le monde. Cassandre parfois, elle a de quoi bouleverser la donne. Son nouvel album, “Imagine un Monde”, est une pierre déposée, un commencement, la volonté de voir plus loin, plus haut. Au delà de la peur et de la résignation. David Hallyday n’est pas un débutant à l’heure de la lucidité. Voilà des années qu’il compose des chansons qui regardent l’horizon droit dans les yeux. Ce qu’on pourrait appeler une bienveillance de combat. C’est une expression qui lui va décidément comme un gant: Lutter sans aigreur, préférer, au nihilisme et au cynisme actuels, un désir de changement pour le meilleur. Le virus et le confinement n’ont fait que confirmer ce qu’il pressentait. Le temps est venu de faire bouger les lignes. Une chanson n’est ni une loi, ni un programme politique. Elle est un chemin qui éclaire nos ténèbres, une possibilité, une initiative, un espoir vivace et sincère. Une urgence parfois également.
David Hallyday connait la théorie du colibri, ce frêle oiseau qui, devant un incendie gigantesque, décide de le combattre avec ses moyens à lui: quelques gouttes d’eau et une ferveur non négociable. Les cyniques peuvent bien ricaner. Mais c’est ainsi et pas autrement que nos vies retrouveront une vraie dignité. Il s’agit aussi de ça avec ce disque furieusement vivant: Ne pas attendre, agir à son niveau, refuser la fatalité. Ensemble. “Ensemble et maintenant”. Ce n’est pas le premier single de l’album pour rien, bien sûr. Moins slogan que bannière. Moins gimmick que foi réactivée. La liberté ne se donne pas, jamais. Il faut l’enlacer, sans complexe ni crainte. Dans le clip, on voit des gens de tous les jours, une infirmière, un boxeur, un peintre, des enfants. On voit encore la nature, au centre de tout. Et quand David Hallyday marche vers l’océan, on comprend. L’Homme doit se reconnecter aux éléments. Vite. Il doit se retrouver. Être.
C’est encore un disque qui ne veut pas céder à l’esprit de division, si présent et tellement entretenu ces derniers temps dans nos sociétés. David Hallyday est décidément plus fenêtre que miroir.
Son nombril n’a jamais été chez lui une finalité mais un point de départ. Ce disque, c’est une main tendue à l’autre. Humanisme viscéral. Colère constructive. Tristesse jamais défaitiste. Le songwriter n’est pas un moraliste. Bien au contraire. Il préfère poser des questions que d’imposer des réponses.
L’album s’intitule donc “Imagine un Monde”. Imaginer avant de bâtir. Dessiner avant d’édifier. Et David n’a pas peur. La trouille, il l’a dépassée depuis bien longtemps. Son carburant, c’est plutôt l’espérance, l’envie d’en découdre avec l’inexorable. Sa pratique du bouddhisme pendant plus de vingt ans a forcément joué un rôle majeur dans son rapport au monde. Aux regards des autres, il préfère l’autre. Voilà. Il préfère rassembler, donner que prendre. “Cet album, je l’ai commencé fin 2019. J’ai écrit deux titres dont ““Ensemble et Maintenant”. J’étais en tournée et donc, je ne suis pas allé beaucoup plus loin. Et puis, le mois de mars est arrivé, le confinement, tout ça… J’ai alors composé un nouveau titre, “Imagine un Monde”, que j’ai balancé sur les réseaux. C’est une chanson où je m’adresse aux prochaines générations, qui vont elles peut-être pouvoir faire quelque chose.
C’est suite à ce titre que l’inspiration est vraiment venue. J’ai enchaîné les titres, je voulais un album positif, un album qui serait un ressenti du monde actuel. Je n’ai pas attendu le confinement pour ça mais on va dire qu’il a en quelque sorte enfoncé le clou de mes convictions. Il faut aller de l’avant, il faut reconstruire.
C’est un disque qui croit vraiment en l’Humain, à sa capacité à aimer, à prendre soin de son environnement. Ce disque regarde vers un avenir meilleur, il refuse d’abdiquer, de laisser faire. Il n’y a rien de pire que de laisser faire. Il faut bouger, avancer, y croire… Je l’ai conçu principalement au Portugal, dans ma maison… J’avais emmené avec moi mon petit studio de fortune, le minimum syndical pour composer et enregistrer. J’ai tout installé dans ma chambre.
Et en avant!” dit-il. Pour la musique, c’est lui, tout seul, comme toujours. Aux paroles, on retrouve Lionel Florence et François Welgryn. Et c’est Fabrice Ordioni qui a co-réalisé le disque. Dans “Ensemble et Maintenant”, on peut l’entendre chanter“Est-ce que le ciel en vaut la peine?”. C’est une question qui peut provoquer un certain vertige. Allons-nous attendre les bras croisés et la tête baissée que notre destin funèbre s’accomplisse? Évidement non. David Hallyday, au drapeau blanc et à la défaite consentie, privilégie les refrains fédérateurs, les questionnements-réveil, l’oxygène adrénaline. Ce disque dévoile onze chansons.
Ce disque déchire le voile du catastrophisme ambiant et c’est souvent jubilatoire. La chanson “Imagine un Monde”, c’est la destinée de l’humanité entre nos mains. Il faut transmettre, éduquer, ne pas oublier que les enfants ont besoin de guides pour devenir des Hommes responsables et bienveillants. C’est un devoir, difficile. C’est une évidence: Haïr est à la portée de n’importe quel individu. Aimer exige bien plus d’efforts, de sacrifices, de courage. C’est aussi cela ce disque. Il y a “Ciel et Terre”, plutôt up tempo mais il ne faut pas s’y tromper. Derrière cette mélodie presque solaire, les mots ici ne sont pas qu’un simple décorum. David Hallyday chante l’union qui offre la force. Briser les différences pour avancer ensemble. Il y a “Qu’est ce qu’on fait de nous?”, confirmant que c’est bien un album sur le questionnement.“Quand tu commences à t’interroger, c’est que tu commences à avoir envie” précise-t-il. “Ce titre, il part d’une réflexion: “Qu’est ce qu’on a fait pour en arriver là? Qu’est ce qu’on va faire de nous?”.
On a préféré finalement poser la question au présent parce que l’urgence dicte sa loi. Plus le temps d’attendre.” C’est une jolie chanson, à la fois mélancolique et en colère, un wake up call sans masque ni poudre aux yeux. Beauté dépouillée. Vient encore “Hallucinogène” qui raconte une relation intense et néfaste qui jamais ne s’effacera de la mémoire. Ces rapports humains, amoureux mais pas uniquement, qui génèrent quelque chose de paradoxal, entre toxicité et attirance. Cet emprisonnement volontaire qui nous aide à grandir et qu’il faut savoir un jour abandonner pour ne pas sombrer.
Et “Personne”, bourrasque électrique, avec une conclusion servie par des synthés que ne renierait pas John Carpenter. Sur ce disque, certaines sonorités évoquent les années 80, celles de l’adolescence de David Hallyday, quand l’insouciance avait encore son mot à dire. “Avec cette chanson, je voulais dire: “Ça y est, j’ai payé ma dette, maintenant, j’ai le droit d’être heureux!”Personne n’est fait pour être seul, je voulais dire ça aussi.
Personne ne mérite ça…”. Sur “Pourquoi l’Amour est si fragile?”, au delà même de l’amour, David Hallyday évoque également cette fragilité contemporaine, où tout semble facile, accessible en un clic, leurre et aveuglement. “Le Huitième Péché” est un titre aérien, aux effets qui portent loin. Avec très peu ou avec une multitude de sources, la musique de David Hallyday ne ressemble qu’à elle-même. Insoumise, sans entrave, libre: “Je trouvais qu’il n’y avait pas suffisamment de péché alors j’en ai inventé un huitième(rires). En fait, ce huitième péché, c’est ma femme, la femme que j’aime aujourd’hui” confesse-t-il un petit sourire en coin. “Vis tes Rêves” dit qu’il faut toujours y croire, même si c’est dur, même si ça fait mal. Même si l’on aimerait, souvent, que le temps accélère sa course pour y être déjà. Le bonheur est à ce prix. L’apaisement en tout cas… Des noms défilent, Martin Luther King, Rosa Parks… Ceux qui ont refusé l’évidence et qui ont trompé l’adversité.
“Superstar”, seule chanson à croiser français et anglais, poursuit sur le même thème. Ne pas renoncer. Ne jamais brader ses rêves. “Les Jours d’Après”, dernier titre de l’album, est une fin qui ouvre, toujours sur le mode du questionnement. Ici, “après” doit se lire “maintenant”. Les jours d’après sont déjà là, à attendre qu’on les sublime, qu’on les transcende. Pour le bien de tous.
Quand David Hallyday fait écouter ses nouveaux titres, il jubile, comme un gamin ou comme s’il écoutait le disque d’un autre. Excitation juvénile qui ne trompe pas. Passion intacte et vibrante, malgré les coups, malgré les doutes. Il tape la mesure, dodeline de la tête. Il est dedans. Comme à son habitude, il a su mêler les atmosphères, alterner vagues géantes et rayons de soleil, douceur et fureur, intime et universel, aubes et crépuscules, guitares abrasives et strates d’étoiles, sa musique est paradoxale comme l’existence, elle sait que les émotions ne sont jamais un monolithe mais bien une succession, un enchevêtrement, une valse enivrante, puissante, qui peut tout emporter quand elle ne triche pas. Chez David Hallyday, on rit, on pleure, on aime, on hurle, on espère, parfois dans la même chanson.
On ne travestit rien. Il sait, comme Socrate, qu’il ne sait rien. Il veut devenir meilleur. Pas en termes de performances, non. Meilleur homme. Meilleur ami. Meilleur père. Charpentier plus que démolisseur. Il a l’âme française, celle républicaine qui refuse d’abandonner sur le bord de la route les plus faibles et celle américaine, qui pousse au dépassement, qui encourage à rêver toujours plus haut, qui offre sa chance à n’importe qui. Il est l’enfant de ces deux philosophies. Il a dépassé les frontières, les séparations, qu’elles soient physiques ou mentales.
C’est peut-être pourquoi il semble aussi convaincu et que ses nouvelles chansons sont très convaincantes. Et qu’elles tutoient l’espoir avec autant de fougue et de coeur.
David Hallyday ne craint pas l’avenir. Il veut simplement le conjuguer au présent. Ensemble. Et maintenant. Exactement.