Près de deux Français sur trois âgés de 18 ans ont subi au moins un type de préjudice sexuel en ligne pendant leur enfance
Commanditée par WeProtect Global Alliance, cette étude souligne l’urgence pour les gouvernements de soutenir la nouvelle législation européenne visant à protéger les enfants dans la sphère numérique.
Composée de 250 gouvernements, entreprises du secteur privé et organismes publics, l’alliance internationale WeProtect Global Alliance – luttant quotidiennement pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels en ligne, partage le constat effrayant de sa dernière étude.
Menée par Economist Impact auprès de 2 000 jeunes de 18 ans dans quatre pays européens (Allemagne, France, Pays-Bas et Pologne), cette étude met évidence le degré alarmant d’exposition des enfants à des préjudices sexuels en ligne notamment en France, et souligne l’urgence de la nécessité d’agir. (Ensemble de comportements nuisibles, considérés comme des facteurs de risque d’exploitation et d’abus sexuels potentiels ou réels d’enfants en ligne.)
L’étude a interrogé des répondants sur leur exposition à des préjudices sexuels en ligne et sur leurs facteurs de risque pendant l’enfance. Les questions portaient sur quatre préjudices sexuels en ligne, définis comme suit
- L’envoi de contenus sexuellement explicites par un adulte connu ou étranger avant l’âge de 18 ans.
- Le fait d’être invité à garder secrète une partie de leur relation sexuellement explicite en ligne avec un adulte inconnu ou de leur entourage avant l’âge de 18 ans.
- Des images sexuellement explicites d’eux ont été partagées sans leur consentement (par un pair, un adulte connu ou étranger).
- Se voir demander de faire quelque chose de sexuellement explicite en ligne qui le met mal à l’aise (par un pair, un adulte connu ou étranger).
Une situation alarmante en France comme en Europe
En France, comme dans toute l’Europe, la situation est alarmante : 64 % des Français âgés de 18 ans déclarent avoir déjà subi au moins un type d’atteinte sexuelle en ligne pendant leur enfance. Malheureusement, la situation est pire dans le reste de l’Europe, où 73 % des Allemands, 69 % des Polonais et 68 % des Néerlandais déclarent avoir déjà été confrontés à ce type de situation.
Les atteintes sexuelles peuvent prendre différentes formes, comme l’envoi de contenus sexuellement explicites, le partage d’images sexuellement explicites d’enfants sans leur consentement ou la demande d’actes sexuellement explicites qui mettent mal à l’aise les enfants.
En France, 49 % des jeunes de 18 ans ont été confrontés à des tentatives de discussion ou d’envoi de contenus sexuellement explicites de la part d’adultes qu’ils ne connaissent pas ou faisant partie de leur entourage (contre 58 % en Europe), et la moitié d’entre eux ont été exposés à des demandes sexuellement explicites qui les ont mis mal à l’aise.
Les expériences de préjudice sexuel se produisent généralement sur des appareils mobiles, via des canaux privés : 85% des personnes interrogées en France qui ont été confrontées à une tentative de discussion l’ont reçue via leur téléphone portable, et 65% l’ont vécue via des services privés de partage d’images ou de vidéos. Dans la plupart des cas, les répondants ont supprimé ou bloqué la personne (87 %) plutôt que de signaler le problème ou d’en parler à un adulte.
Les filles sont beaucoup plus susceptibles que les garçons de voir un inconnu ou un adulte qu’elles connaissent essayer de leur parler de sujets ou de leur faire faire quelque chose de sexuellement explicite en ligne qui les a mises mal à l’aise. En effet, à l’échelle Européenne, près de quatre filles sur cinq (79 %) auraient subi au moins un préjudice sexuel pendant leur enfance, avec 57 % pour les garçons.
« Les enfants ont aujourd’hui accès régulièrement à internet dès l’âge de 11 ans, et subissent leur premier préjudice sexuel dès l’âge de 13 ans », commente Mié Kohiyama, Membre SAGE du Brave Movement co-fondatrice de BeBrave France. « Ce constat fait froid dans le dos, d’autant plus que les usages des nouvelles technologies se démocratisent et que celles-ci sont accessibles de plus en plus jeunes. Les préjudices sexuels n’ont ni limites, ni frontières. Avec des millions d’enfants touchés à travers le monde, nous devons agir et faire en sorte de réguler internet que ce soit au niveau national ou au niveau européen. »
« La protection des enfants en ligne est essentielle à la construction d’un monde numérique plus sûr. Ce rapport arrive à point nommé et met en lumière les nombreux préjudices auxquels nos enfants sont confrontés en ligne », indique Louis-Victor de Franssu, co-fondateur de Tremau. « Une réglementation solide et équilibrée de l’Internet, telle que la loi sur les services numériques, constitue une étape importante pour garantir la protection de leurs droits. Nous devons maintenant veiller à ce que les droits fondamentaux de tous les utilisateurs soient protégés. À l’instar de l’Appel de Christchurch pour lutter contre les contenus terroristes en ligne, la France a le potentiel et les convictions nécessaires pour être le fer de lance de la protection des enfants sur l’internet. »
Il est temps d’agir
Même si les jeunes Français se disent capables de reconnaître les menaces (79%) et ont un adulte de confiance à qui ils peuvent s’adresser s’ils reçoivent des contenus sexuellement explicites (71%), ils sont nombreux à admettre que les adultes n’ont pas de véritable vision de ce qu’ils font sur Internet (57%). Cependant, plus de deux tiers des personnes interrogées (67 %) ont déclaré que les adultes leur avaient parlé des mesures de sécurité en ligne.
“WeProtect Global Alliance est unie dans sa mission de protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels en ligne”, a déclaré Iain Drennan, directeur exécutif de WeProtect Global Alliance. “L’Europe est devenue l’épicentre de l’hébergement de contenus d’abus sexuel d’enfants ces dernières années, mais elle a maintenant l’opportunité de mener des efforts mondiaux pour lutter contre ce crime omniprésent et sans frontières. Nous encourageons les dirigeants politiques de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Pologne et de tous les États membres de l’UE à montrer leur engagement à protéger les enfants en soutenant la législation proposée par l’UE et en prenant des mesures décisives au niveau national pour s’attaquer à cette menace qui se développe rapidement.
On ne saurait trop insister sur l’importance d’accorder la priorité à la sécurité des enfants face à la menace croissante de l’exploitation et des abus sexuels en ligne. Avec un engagement inébranlable pour la protection des enfants, WeProtect Global Alliance appelle les dirigeants politiques de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Pologne et de tous les États membres de l’Union européenne (UE) à s’unir pour soutenir une législation européenne efficace et complète afin de lutter contre les abus sexuels en ligne commis sur des enfants.
L’Union européenne est un leader international en matière de régulation numérique et a fait de grands progrès pour rendre Internet plus sûr pour les Européens ces dernières années. Une approche collective est indispensable pour garantir aux enfants européens l’accompagnement nécessaire, pour faciliter et accélérer l’identification et le signalement des contenus mettant en scène des abus sexuels sur des enfants sur les plateformes en ligne, ou encore favoriser une collaboration plus étroite entre les institutions – telles que la Commission européenne, et les entreprises technologiques. L’Alliance exhorte les gouvernements d’Europe et du reste du monde à s’unir et à mettre en œuvre les mesures indispensables suivantes :
– Une réglementation stricte d’internet : efficace et adaptée à l’âge des enfants pour servir de bouclier international, les protégeant contre les dommages à long terme de l’exploitation et des abus sexuels des enfants en ligne.
– Un cadre juridique complet : pour permettre l’identification et le retrait rapides des images et des vidéos montrant des abus sexuels commis sur des enfants, soutenir les poursuites judiciaires à l’encontre des contrevenants et fournir des garanties pour protéger les enfants contre la manipulation psychologique, l’exploitation et les abus sexuels en ligne.
– Une législation à l’épreuve du temps : préparée pour s’adapter à l’innovation et aux technologies émergentes et pour répondre à l’évolution du comportement des criminels. Les technologies spécifiques ne doivent pas être exemptées, garantissant à la justice une poursuite sans relâche et une meilleure protection des enfants vulnérables.
À propos :
WeProtect Global Alliance rassemble des experts de plus de 250 membres issus de gouvernements, du secteur privé et de la société civile afin de protéger les enfants contre l’exploitation et les abus sexuels en ligne. L’Alliance génère un engagement politique et des approches pratiques pour rendre le monde numérique sûr et positif pour les enfants, en prévenant les abus sexuels et les dommages à long terme.
En 2020, WeProtect Global Alliance a été relancée en tant qu’organisation indépendante, combinant l’Alliance mondiale contre les abus pédosexuels en ligne de la Commission européenne et du Ministère Américain de la Justice et WePROTECT Children, créée par le gouvernement britannique en tant que réponse mondiale multipartite à la lutte contre les abus pédosexuels en ligne.
L’Alliance regroupe 101 gouvernements, 65 entreprises du secteur privé, 91 organisations de la société civile et 9 organisations intergouvernementales.
Définition de l’exploitation et des abus sexuels des enfants en ligne
Exploitation et abus sexuels sur enfants partiellement ou entièrement facilités par la technologie, – via Internet ou d’autres moyens de communication sans fil.