Depuis quelque temps, avec l’usage du 49.3 par la première ministre Elisabeth Borne pour faire passer ses lois, les motions de censures et le risque que l’une d’entre elles passe et renverse le gouvernement et réel. La question qui brûle les lèvres : le président de la République, Emmanuel Macron, sera-t-il contraint de dissoudre la Chambre des députés.
Certains vont jusqu’à lui faire dire, qu’Emmanuel Macron aurait cette idée en tête, même sans reversement de son gouvernement.
Ce qui est certains est que la composition de cette chambre est une nouveauté sous la Vème République, c’est la première fois qu’il n’y a pas de majorité absolue, permettant d’avoir un gouvernement qui est – comme on le dit – une « chambre godillot ». On peut lire dans le Petit Robert « Inconditionnel, fidèle qui marche sans discuter : les godillots du Général (de Gaulle) »
A deux reprises, depuis le début de la Vème République, la majorité absolue ne fut pas dans le camp du président, l’obligeant à nommer un Premier ministre acceptable par la chambre, sous François Mitterrand puis Jacques Chirac. Ça n’empêchait pas les institutions de fonctionner, le président conservant, ce que François Mitterrand avait nommé des « domaines réservés » que sont la défense et les affaires étrangères.
Mais avec la chambre actuelle, il n’y a pas de majorité absolue, juste une petite majorité pour le parti d’Emmanuel Macron, insuffisante pour gouverner.
En Allemagne, par exemple, cela ne pose pas de problèmes, même si ça peut prendre du temps, des coalitions solides sont trouvées et le chancelier peut gouverner sans risque de reversement de son gouvernement chaque matin.
Ce n’est pas l’habitude en France, d’où la volonté du Général de Gaulle, avec la Vème République que quitter l’instabilité de la IVème République où les gouvernements tombaient les uns après les autres, d’avoir une majorité forte à la Chambre.
Effectivement, sans coalition, la vie ne va être simple pour l’exécutif de fonctionner avec une telle chambre durant encore plus de 4 ans.
Que peut faire Emmanuel Macron ?
1- Dissoudre la chambre (sans même attendre qu’une motion de censure passe) : les Français votent :
- Si la nouvelle chambre fait ressortir une majorité absolue alors c’est conforme aux institutions de la Vème République. Le Premier ministre correspondra à la couleur de la chambre, Emmanuel Macron se retrouvera ou pas en cohabitation. Mais, il sera tranquille jusqu’à la fin de son dernier mandat. Cela représente 1 fois 2 tours d’élections à organiser.
- Si la nouvelle chambre ne fait pas ressortir une majorité. Emmanuel Macron serait contraint de démissionner, obligeant les Français à élire un nouveau président de la République qui dissoudra la Chambre à réélire une Chambre (en épeurant qu’une majorité absolue en sorte). Cela représente 3 fois 2 tours d’élections à organiser, un temps long sans véritable gouvernement, dans une situation complexe avec l’inflation, la guerre en Ukraine et le réchauffement climatique.
2 – Ne pas dissoudre et attendre que le temps passe, en utilisant le 49.3 et le risque de renversement du gouvernement que lorsque c’est vraiment nécessaire. Un mandat présidentiel pour rien.
3 – Le président de la République démissionne, les Français en élisent un nouveau qui dissoudra la chambre, les Français votent en espérant qu’une majorité absolue se dégage de la nouvelle Chambre. 2 fois 2 tours, c’est moins long et moins coûteux que dans le cas 3 fois 2 tours.
4 – Le président de la République fait comme le Chancelier Allemand, il négocie pour trouver une solide coalition et nomme un Premier ministre acceptable avec cette coalition qui gouvernera jusqu’à la fin de son mandat.
Nous ne sommes pas dans la tête d’Emmanuel Macron, en dehors de ces 4 possibilités, existe-t-il une autre possibilité ?
