Christophe Hay à Orléans : l’effet Kiosque, entre prestige et déception
Si l’on fréquente le centre-ville d’Orléans, nul ne peut ignorer l’ouverture d’un nouvel établissement, Le Kiosque, du chef étoilé Christophe Hay : une pâtisserie, boulangerie et salon de thé, installé à l’angle de la place du Martroi et de la rue de la République, à l’emplacement de l’ancien magasin André (l’un des nombreux chausseurs de chaîne ayant fermé).
La boutique est à la fois élégante et sobre, un luxe discret que l’on attend d’un chef étoilé, même pour ce type d’établissement.
Après l’ouverture vendredi dernier, beaucoup de monde a fait la queue pour être parmi les premiers. Après une inauguration sur invitation lundi en fin de journée, le magasin est aujourd’hui accessible sans difficulté, l’attrait de la nouveauté étant passé.
Rien à redire sur l’accueil : Christophe Hay est présent et assure lui-même le service. Les tarifs, quant à eux, sont à la hauteur de sa réputation.
Mais la question demeure : la qualité est-elle vraiment au-dessus de celle des autres établissements orléanais ?
J’ai testé uniquement la partie boulangerie, avec trois produits : le pain de campagne aux fruits, le pain du terroir et les croissants.
Concernant le pain du terroir : une croûte trop épaisse, une mie manquant de générosité, presque absente. Coupé en tranches sur place, d’une épaisseur correcte, mais impossible d’en faire des « tartines ». Si le goût est agréable, la croûte est beaucoup trop épaisse et trop dure. Problème de « pousse » ? De cuisson ? À re-tester pour en être sûr.
Le pain de campagne aux fruits, quant à lui, se distingue par sa richesse en fruits et une bonne tenue, grâce à une croûte bien équilibrée. Mais dès la première bouchée, le constat est sans appel : beaucoup, beaucoup, beaucoup trop sucré. On perd totalement ce qui fait l’intérêt de ce type de pain : l’alliance subtile entre le goût du pain et celui des fruits. À ce niveau, inutile de mesurer sa glycémie après dégustation : le résultat pourrait affoler le lecteur de l’appareil.
Certes, le sucre est un plaisir universel, presque une addiction, et les industriels de l’agroalimentaire en abusent. Mais d’un chef étoilé, on attend justement l’inverse : qu’il s’affranchisse de cette facilité et propose une expérience gustative plus aboutie.
En résumé : un pain du terroir trop sec et mal équilibré, et un pain de campagne aux fruits infiniment trop sucré.
Désolé de critiquer le travail d’un chef étoilé, mais ces deux recettes sont à revoir de fond en comble. Quant au reste des produits proposés, difficile de dire si j’aurai l’envie ou la témérité de les tester, non par souci de prix, mais par peur d’une nouvelle déception.
Juste un détour sur le croissant, c’est une croissant au beurre, rien de plus que ce que l’on trouve dans toutes les boulangeries/pâtisseries, à peine plus cher … 1,30 €. Et toujours la même critique, pourquoi les croissants n’ont-ils plus la forme en « demi-cercle » pour une forme allongée ?
Le Kiosque de Christophe Hay démarre avec une notoriété incontestable, mais pour durer dans une ville comme Orléans, il faudra dépasser l’effet de curiosité et convaincre par la qualité régulière des produits. Les Orléanais, déjà exigeants et habitués à une offre boulangère variée, attendent une véritable signature gustative. Si les ajustements nécessaires sont faits, le lieu pourrait devenir une référence durable. Dans le cas contraire, il risque de rester un simple coup d’éclat, vite oublié une fois l’attrait de la nouveauté passé.