Laurence Jenkell réinvente la torsion

Après plus de deux décennies à sculpter le plaisir sucré sous toutes ses formes, Laurence Jenkell, l’une des artistes françaises les plus emblématiques du Pop Art contemporain, dévoile une nouvelle collection qui marque une véritable métamorphose de son œuvre. Présentée depuis Valbonne, cette série de plus de vingt pièces uniques revisite avec audace le symbole qui a fait sa renommée mondiale : le Bonbon torsadé.

Une révolution douce : la torsion se réinvente

Chez Jenkell, la torsion est bien plus qu’un geste technique : c’est un langage plastique, une signature. Dans cette nouvelle collection, l’artiste lui offre une seconde naissance. Le Bonbon devient un terrain d’expérimentation sensorielle, où se mêlent explosion chromatique et révolution matérielle.
Du plexiglas transparent au bois précieux, en passant par des finitions irisées ou métalliques, chaque œuvre explore une nouvelle dimension du volume et de la lumière. Les couleurs, éclatantes ou minimalistes, s’entrechoquent dans un dialogue subtil entre audace et élégance.

Le Wrapping Bonbon Silver Bois (86 cm) marie la noblesse du bois et la transparence argentée du plexiglas, fusionnant tradition et modernité. Le Lucky Candy Or, dans son éclat doré, évoque la lumière des fêtes et la tentation du luxe, tandis que le Duo Black and White joue le contraste absolu, écho contemporain à l’Op Art des années 60.

Matières et émotions : la sculpture devient expérience

La matière, chez Jenkell, n’est jamais neutre. Elle structure la lumière, modèle le regard, sculpte le plaisir. L’introduction du bois dans certaines pièces marque un tournant symbolique : un retour à la chaleur organique dans un univers jusque-là dominé par le plastique et la transparence.
Les œuvres gagnent ainsi en profondeur, en densité, et surtout en humanité. Certaines atteignent près de 87 cm (Crazy Candy, Candy Compress), imposantes et presque architecturales ; d’autres, plus intimes, comme le Wrapping Bonbon Louboutin (36 cm), invitent à la proximité et à la contemplation.

Quand la sculpture rencontre la peinture

Grande nouveauté : la collection marque aussi une ouverture vers la peinture. Pour la première fois, Laurence Jenkell mêle relief sculptural et toile peinte dans des compositions hybrides. Les Bonbons deviennent éléments de tableau, surgissant de la surface comme des bas-reliefs lumineux.
Cette hybridation interroge la frontière entre art pictural et art sculptural, tout en rendant hommage aux grands maîtres du modernisme.

Le Tableau Hommage Fernand Léger (120 x 190 cm) s’inspire du cubisme mécanique du peintre normand, tandis que le Wrapping Bonbon Mondrian revisite la rigueur géométrique du néoplasticisme avec une touche de gourmandise.
Avec cette démarche, Jenkell assume pleinement son double rôle de créatrice et d’historienne de l’art, inscrivant sa pratique dans un dialogue respectueux mais libre avec les figures tutélaires du XXe siècle.

De la sculpture d’objet à la sculpture d’espace

L’autre dimension de cette collection, c’est l’ambition spatiale. L’artiste dépasse la sculpture autonome pour investir le mur et l’architecture. Ses œuvres deviennent installations : compositions murales tridimensionnelles pensées pour transformer l’espace.
Le Mur Bonbon Plexiglas (122 x 101 x 11 cm) évoque une chorégraphie visuelle, entre nature morte et fresque contemporaine, tandis que le Mur Transparent Sliced Bonbon Small révèle la structure interne du bonbon à travers des superpositions translucides.
Chaque création invite à une expérience immersive, à la fois ludique et méditative.

Une signature universelle en mutation

Depuis plus de vingt ans, le Bonbon de Jenkell s’est imposé comme un symbole universel. Derrière la légèreté apparente, il incarne la tension entre rigidité de la matière et fluidité du geste, entre maîtrise et accident.
Mais l’artiste refuse la répétition : « Je ne voulais pas me répéter, confie-t-elle. Je voulais me surprendre moi-même. »
Cette quête de renouvellement permanent distingue les grands créateurs : elle fait de sa torsion non une formule, mais un vocabulaire en perpétuelle évolution.

Entre Pop Art et introspection

Si l’œuvre de Jenkell s’inscrit dans la lignée du Pop Art – comme Warhol ou Lichtenstein avant elle –, elle en renouvelle la lecture. Le bonbon, objet de consommation universel, devient un miroir de nos sociétés : symbole de désir, de plaisir et de culpabilité.
Ses sculptures questionnent notre rapport à la gourmandise et à l’enfance, oscillant entre la célébration et la critique. Le Bonbon monumental, poli à la perfection, devient métaphore de la nostalgie et de la société du plaisir immédiat.

Un parcours international et engagé

Née à Bourges et installée à Valbonne, Laurence Jenkell a conquis les grandes scènes artistiques mondiales : Art Basel Miami, Art Paris, Art Dubaï, Hong Kong Contemporary… Ses œuvres ornent des places publiques, des halls d’entreprises et des collections privées prestigieuses à travers plus de cinquante pays.
Au-delà de la beauté plastique, Jenkell s’engage aussi pour des causes humanitaires et environnementales. Plusieurs de ses pièces ont été vendues au profit d’associations caritatives. Elle participe également à des programmes éducatifs de sensibilisation à l’art contemporain.

Une collection déjà mythique

Cette nouvelle série, composée exclusivement de pièces uniques signées et numérotées, représente un tournant dans la carrière de l’artiste. Par son audace, sa maturité et sa diversité, elle incarne l’essence même de la création contemporaine : la liberté.

Avec cette collection, Laurence Jenkell réussit un pari rare : se réinventer sans se trahir. En fusionnant sculpture, peinture, matière et lumière, elle dépasse le simple geste artistique pour proposer un univers sensoriel total.
À l’heure où l’art contemporain cherche de nouvelles voies entre émotion et concept, Jenkell prouve qu’il est encore possible de créer avec sincérité, gourmandise et grâce.
Son Bonbon n’est plus seulement une icône : il est devenu un manifeste de la joie, de la couleur et de la liberté créative.