Première mondiale contre l’Hépatite E avec la campagne de vaccination au Soudan du Sud
Au Soudan du Sud, une campagne de vaccination est actuellement menée en réponse à une épidémie d’hépatite E, une première mondiale en amont du 28 juillet, journée consacrée à lutte contre l’hépatite. Cette vaccination ravive les espoirs dans la lutte contre cette maladie pour laquelle il n’existe pas encore de traitement spécifique et qui touche principalement les populations vulnérables et affectées par les conflits.
L’hépatite E est la cause la plus courante d’hépatite virale aiguë, provoquant environ 20 millions d’infections et 44 000 décès par an, avec un taux de mortalité pouvant atteindre les 25% chez les femmes enceintes. Elle se transmet par la contamination fécale des aliments et de l’eau et augmente le risque d’avortements spontanés et d’enfants mort-nés.
Ces épidémies à grande échelle sont généralement la conséquence d’un manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement ainsi qu’à l’hygiène, comme c’est le cas dans le camp de déplacés de Bentiu. Créé en 2014 dans l’État d’Unity au Soudan du Sud, Bentiu est le plus grand camp de déplacés du pays avec près de 122 000 résidents. MSF est présente à Bentiu depuis sa création et a constaté des épidémies récurrentes d’hépatite E depuis 2015, conséquence de conditions de vie épouvantables.
“La lutte contre l’hépatite E a été longue et frustrante”, déclare le Dr Monica Rull, directrice médicale de Médecins Sans Frontières (MSF). “Au cours des deux dernières décennies, MSF a répondu aux épidémies d’hépatite E dans les camps de déplacés, en essayant de contrôler la maladie dans des conditions difficiles et en voyant l’impact dévastateur sur des communautés extrêmement vulnérables. Grâce à l’expérience de cette campagne de vaccination, nous espérons changer la façon dont l’hépatite E sera prise en charge à l’avenir.”
En 2021, de fortes inondations et l’arrivée de nouvelles personnes fuyant des violences ont exacerbé la précarité des conditions de vie déjà déplorables, augmentant la propagation de maladies d’origine hydrique, dont l’hépatite E. Depuis juillet 2021, dans son hôpital de Bentiu, MSF a pris en charge 759 patients atteints d’hépatite E confirmée, dont 17 sont décédés.
En mars et avril 2022, MSF et les autorités Sud-Soudanaises ont conjointement mené les deux premiers cycles de la campagne de vaccination contre l’hépatite E dans le camp de Bentiu. Environ 25 000 personnes, dont des femmes enceintes, ont reçu le vaccin. Le troisième et dernier cycle de la campagne sera mené en octobre 2022.
“Compte tenu de la mise en œuvre réussie et du retour enthousiaste de la communauté lors des deux premiers tours, cette campagne de vaccination innovante peut servir d’exemple et être reproduite dans des contextes similaires d’épidémies d’hépatite E”, a déclaré le Dr John Rumunu, directeur général des services de santé préventive pour le ministère de la Santé du Soudan du Sud. “J’espère que le vaccin contribuera à réduire les infections et les décès dus à l’hépatite E à Bentiu et au-delà.”
Le vaccin Hecolin, seul disponible contre l’hépatite E, s’est révélé très efficace pour prévenir la maladie lors d’essais cliniques, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande depuis 2015 d’envisager son utilisation dans les réponses aux épidémies. Cependant, jusqu’à la campagne de vaccination de Bentiu, il n’avait été utilisé qu’à titre individuel en Chine pour vacciner les voyageurs. C’est donc la première fois qu’il permet de répondre – à large échelle – à une urgence de santé publique.
Bien que d’autres mesures de contrôle des épidémies continuent d’être nécessaires, notamment l’amélioration des services d’eau et d’assainissement, les équipes médicales estiment que cette campagne de vaccination est une étape importante pour l’amélioration de la réponse aux épidémies d’hépatite E. MSF espère que cela encouragera d’autres pays à utiliser le vaccin dans le cadre des mesures de contrôle des épidémies d’hépatite E.