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La France face au recul de son engagement contre la malnutrition

À l’heure où la malnutrition mondiale continue de faire des ravages, une question brûlante se pose : pourquoi la France réduit-elle son aide au développement alors que les Français réclament un engagement accru ? Un sondage exclusif réalisé par YouGov pour Action contre la Faim et Focus 2030 révèle une forte prise de conscience citoyenne et un décalage saisissant entre la volonté populaire et les décisions politiques.


Un fléau qui s’aggrave : la faim dans le monde en chiffres

Les chiffres sont alarmants : en 2023, 733 millions de personnes souffraient de la faim, soit une personne sur onze. Plus inquiétant encore, 2,4 milliards de personnes n’avaient pas un accès stable à une alimentation saine et nutritive, mettant en péril des populations entières, en particulier les femmes et les habitants des zones rurales.

Les conséquences sont dramatiques :

  • Un enfant meurt de faim toutes les 11 secondes, soit environ 7 800 décès par jour.
  • La malnutrition est responsable de près de 50 % des décès d’enfants de moins de 5 ans.
  • Les femmes sont les plus touchées : 47,8 millions de plus que les hommes souffrent d’insécurité alimentaire.

Selon les estimations, éradiquer la faim nécessiterait un financement additionnel de 13 à 15 milliards de dollars par an d’ici 2030. Un objectif qui semble s’éloigner alors que plusieurs grandes puissances, dont la France, réduisent leurs financements.


Des causes bien identifiées par les Français

Les citoyens français sont conscients des multiples causes de la faim. Selon le sondage :

  • Les conflits prolongés sont responsables de 70 % des crises alimentaires majeures, en raison des déplacements massifs de populations et de la destruction des infrastructures agricoles.
  • Les inégalités socio-économiques privent plus de 2,4 milliards de personnes d’un accès stable à une alimentation adéquate.
  • Le changement climatique aggrave la situation : en 2023, 55 pays ont été frappés par des catastrophes météorologiques ayant entraîné la perte de récoltes et une hausse de la malnutrition.
  • Des systèmes alimentaires défaillants : 148 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent aujourd’hui d’un retard de croissance dû à une alimentation inadaptée.

Cependant, un élément clé semble sous-estimé : les inégalités de genre. Aucune réponse du sondage ne mentionne cet enjeu, alors qu’en 2023, 47,8 millions de femmes de plus que les hommes ont souffert d’insécurité alimentaire, en raison d’un accès restreint aux ressources agricoles et économiques.


Un engagement français en recul malgré une demande citoyenne forte

Face à ces constats, 69 % des Français estiment que leur pays devrait maintenir ou augmenter son aide au développement international. Pourtant, le Projet de Loi de Finances 2025 prévoit une réduction de 2,1 milliards d’euros de l’Aide Publique au Développement (APD).

Cette baisse intervient alors que d’autres nations réduisent également leurs engagements :

  • L’Allemagne coupe de 50 % son aide humanitaire.
  • La Belgique prévoit une réduction de 25 % sur cinq ans.
  • Le Royaume-Uni abandonne son engagement d’allouer 0,7 % de son Revenu National Brut à l’APD.
  • Les États-Unis ont brutalement stoppé l’ensemble de leur financement des programmes d’aide internationale sous la présidence de Donald Trump, alors qu’ils représentaient 42 % de l’aide humanitaire mondiale.

Des solutions concrètes pour un avenir sans faim

Malgré cette tendance inquiétante, des solutions existent. Action contre la Faim appelle à une mobilisation urgente autour de plusieurs recommandations :

  • Mobiliser 1,5 milliard d’euros d’ici 2030, soit 300 millions d’euros par an dès 2025, pour renforcer l’aide au développement.
  • Adopter une stratégie ambitieuse au niveau européen, avec un cadre politique renouvelé de l’Union Européenne d’ici 2026.
  • Transformer les systèmes alimentaires en favorisant l’agroécologie et des pratiques durables.
  • Instaurer une protection sociale universelle, incluant un revenu minimum et une couverture santé universelle pour les 1 000 premiers jours de l’enfant.
  • Garantir le respect du Droit International Humanitaire (DIH) pour assurer l’accès à l’aide alimentaire dans les zones de conflit.

Un appel à la responsabilité politique

À quelques jours du Sommet Nutrition for Growth (N4G) qui se tiendra à Paris les 27 et 28 mars 2025, la pression monte sur les décideurs politiques. La France doit-elle revoir sa position et honorer son engagement humanitaire ? Face à une demande citoyenne claire et aux urgences humanitaires croissantes, il est temps d’agir pour garantir un avenir sans faim à des millions de personnes à travers le monde.

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