Astérix en Lusitanie : un vent de saudade souffle sur les irréductibles Gaulois
Le 23 octobre 2025, c’est une véritable ola qui déferlera sur la Gaule et au-delà : les irréductibles Gaulois reprennent la mer ! Après l’Hispanie, la Grèce, la Bretagne ou l’Inde, Astérix et Obélix embarquent pour une destination inédite : la Lusitanie, l’actuel Portugal. Ce 41ᵉ album, signé Fabcaro au scénario et Didier Conrad au dessin, s’annonce comme l’un des plus lumineux de la saga. Entre humour, poésie et fado, Astérix en Lusitanie promet de conjuguer aventure et émotions, avec cette touche d’humanité qui fait la force intemporelle de la série.
Un voyage très attendu
Depuis des années, les lecteurs espéraient voir leurs héros traverser la péninsule Ibérique jusqu’à la Lusitanie. « Il fallait trouver un lieu où Astérix et Obélix n’étaient jamais allés, confie Fabcaro. La Lusitanie s’est imposée comme une évidence : un pays ensoleillé, chaleureux, idéal pour une aventure lumineuse. »
Son complice Didier Conrad partage cet enthousiasme : « J’adore dessiner les albums de voyage. Le Portugal, avec ses paysages pittoresques et sa culture foisonnante, m’a inspiré dès les premières esquisses. »
Cette destination n’a pas seulement séduit les auteurs : le Portugal lui-même s’en réjouit. L’ambassadeur du pays en France, S.E.M. Francisco Ribeiro de Menezes, salue cet hommage inattendu :
« Les Lusitaniens attendaient Astérix et Obélix depuis longtemps. Comme les Gaulois, ils ont dû se battre pour leur liberté et partagent leur amour de la fête, de la poésie et de la bonne chère. »
Une couverture pleine de soleil et de symboles
Avec ses couleurs pastel, ses pavés noirs et blancs et une morue séchant au balcon, la couverture du nouvel album annonce la couleur : celle du Portugal éternel, entre océan et collines. Astérix, Obélix et Idéfix s’y promènent au cœur d’une scène de rue paisible, sous un ciel doré. Mais un personnage à l’allure louche, tapi dans l’ombre, laisse présager de futures péripéties…
Les fans les plus attentifs reconnaîtront même un Lusitanien déjà aperçu dans Le Domaine des dieux, venu requérir l’aide des Gaulois. Le ton est donné : action, humour et dépaysement garantis !
La saudade, âme du Portugal et fil conducteur de l’album
Après le flegme breton ou la fierté hispanique, Fabcaro a choisi de placer cette aventure sous le signe d’un sentiment unique : la saudade. Intraduisible, cette mélancolie douce et lumineuse est au cœur de l’identité portugaise.
« C’est une émotion à la fois nostalgique et poétique, explique le scénariste. Nous avons voulu en faire une comédie où la tristesse devient source de beauté et d’humour. »
À travers le regard d’Astérix et d’Obélix, le lecteur découvrira un peuple à la fois tendre et fier, dont la tristesse même rayonne. Cette tonalité nouvelle promet de donner à l’album une profondeur inédite — comme un fado chanté sur les remparts de Lisbonne au coucher du soleil.
Viriate, le Vercingétorix portugais
Impossible de parler de Lusitanie sans évoquer Viriate, héros national et chef de guerre légendaire du IIᵉ siècle avant notre ère. Berger devenu stratège, il résista victorieusement à Rome avant d’être trahi par trois proches.
Sa fin tragique, entre bravoure et trahison, aurait engendré cette mélancolie historique propre aux Portugais. Ce mythe inspire largement le ton de l’album : entre héroïsme, ironie et fatalisme joyeux, à l’image du peuple lusitanien lui-même.
Hospitalité et gastronomie : l’art de vivre lusitanien
Si la saudade domine, la convivialité portugaise n’est pas en reste. Fabcaro, qui s’est rendu sur place pour préparer le scénario, raconte :
« Nous avons été frappés par l’accueil incroyable des Portugais. Cette hospitalité nous a inspirés : elle traverse tout l’album, à travers les personnages et les scènes de repas. »
Et qui dit repas portugais dit morue, omniprésente sur les tables de Lusitanie ! Héritage des échanges maritimes antiques, ce poisson emblématique devient ici un ressort comique : Obélix risque fort de préférer son sanglier habituel. Mais d’autres mets locaux viendront enrichir l’expérience culinaire de nos héros : châtaignes grillées, pasteis de nata, et sans doute quelques gorgées de vin du cru !
L’artisanat et les décors : hommage à la beauté du Portugal
Les auteurs rendent aussi hommage au patrimoine portugais à travers les azulejos, ces carreaux de faïence bleus et blancs hérités de l’art mauresque, et la célèbre calçada portuguesa, ces pavés artistiques qui ornent les rues de Lisbonne. Ces éléments visuels, finement restitués par Didier Conrad, confèrent à l’album une atmosphère unique.
Côté décors, les paysages s’annoncent somptueux : villages colorés, forêts verdoyantes, falaises surplombant l’Atlantique. Fabcaro souligne :
« Je craignais une ressemblance avec l’Hispanie, mais la Lusitanie est plus humide, plus végétale. Cela donne des planches pleines de vie et de contrastes. »
Nouveaux visages, nouveaux méchants
Chaque album d’Astérix apporte son lot de personnages inoubliables. Outre les Lusitaniens inspirés des représentations populaires, on découvrira un nouvel antagoniste : Pirespès, au visage inquiétant et à la morale douteuse. Il sera accompagné d’un centurion ironique, Nouvelopus, dont les traits rappellent l’humoriste britannique Ricky Gervais.
Cette tradition de caméos célèbres remonte à Goscinny et Uderzo, qui avaient déjà glissé Pierre Tchernia, Sean Connery, Johnny Hallyday ou Michel Houellebecq dans leurs albums. Une manière de mêler satire contemporaine et clin d’œil amical, fidèle à l’esprit de la série.
Une aventure humaine et artistique
Publié à cinq millions d’exemplaires dans le monde et traduit en 19 langues et dialectes dès sa sortie, Astérix en Lusitanie s’annonce comme un événement planétaire.
Depuis 1959, date de sa première apparition dans le magazine Pilote, Astérix continue de rassembler petits et grands autour d’un cocktail magique : humour, dérision, camaraderie et esprit de résistance.
Les chiffres donnent le vertige :
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400 millions d’albums vendus dans le monde,
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120 langues de traduction,
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et 70 000 kilomètres parcourus par les Gaulois à travers le globe !
Avec ce 41ᵉ album, Fabcaro et Conrad perpétuent la tradition tout en lui insufflant une sensibilité contemporaine. Leur duo, entamé en 2013 avec Astérix chez les Pictes, a su conjuguer respect du patrimoine et modernité graphique. Le trait nerveux et précis de Conrad, allié à l’humour absurde et tendre de Fabcaro, redonne à la série toute sa fraîcheur.
Une œuvre fidèle à l’esprit de Goscinny et Uderzo
Dans ce nouvel opus, tout rappelle la recette originale : des jeux de mots savoureux, des caricatures bienveillantes, des baffes magistrales, mais aussi cette lecture à double niveau qui fait le génie d’Astérix. L’enfant rit des coups de poing, l’adulte savoure les allusions culturelles et les clins d’œil à l’actualité.
Comme autrefois, l’album se lit aussi comme une métaphore : celle d’un petit peuple qui, par la ruse et l’humour, résiste à l’uniformisation. En visitant la Lusitanie, les Gaulois célèbrent un pays à l’identité forte, à la croisée des mondes méditerranéen et atlantique — un miroir parfait pour leur propre irréductible village.
Avec Astérix en Lusitanie, la saga prouve qu’elle reste universelle. En explorant la saudade, Fabcaro et Conrad offrent plus qu’un simple voyage : une méditation sur le temps, la mémoire et la fraternité des peuples.
À l’heure où le monde se referme parfois sur ses frontières, Astérix rappelle qu’il n’est de richesse que dans la curiosité et le partage. Chaque destination, chaque caricature est un hommage à la diversité humaine, à la capacité de rire de soi et des autres.
Et tandis que le soleil se couche sur l’Atlantique, on devine déjà la prochaine escale. Après la Lusitanie, où vogueront nos héros ? Vers les brumes du Nord ? Les déserts d’Afrique ? Peu importe : tant que la potion de l’imagination continuera de couler, les Gaulois n’ont pas fini de nous faire voyager.
Astérix en Lusitanie – Sortie mondiale le 23 octobre 2025 – Scénario : Fabcaro – Dessins : Didier Conrad – Éditions Albert René.




