Une répétition du second tour Macron – Le Pen mais une issue beaucoup plus incertaine

Coface analyse le premier tour de l’élection présidentielle de 2022

Le 1er tour de l’élection présidentielle en France, a vu le président sortant de centre-droit Emmanuel Macron et Marine Le Pen arriver aux deux premières places, comme en 2017. Le vainqueur entre ces 2 candidats sera désigné le 24 avril lors d’un 2nd scrutin qui s’annonce beaucoup plus incertain qu’il y a 5 ans. L’écart entre les 2 candidats s’est en effet considérablement réduit dans les semaines précédant le 1er tour de l’élection. Le président sortant reste toutefois favori à sa réélection.

En cas de réélection d’Emmanuel Macron, le prochain quinquennat devrait être placé sous le signe de la continuité.

Son programme prévoit la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (10 milliards d’euros), la fin de la redevance TV (4 milliards d’euros), et le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans, cette réforme ayant été mise entre parenthèses à cause de la pandémie. Dans un contexte de pressions inflationnistes, Macron propose également de continuer à plafonner la hausse des prix du gaz et de l’électricité, de prolonger les remises sur les prix des carburants et d’indexer les retraites sur l’inflation.

Un scénario qui verrait l’élection de Marine Le Pen ne peut être exclu. A la clé, une réaction négative des marchés financiers et des inquiétudes sur la stabilité et la cohésion européenne.

Comme l’illustrent le recul des marchés en France et la hausse des taux obligataires quelques jours avant le 1er tour, l’élection de Marine Le Pen ne peut plus être exclue. Dans un tel scénario, nous devrions assister à une réaction plus négative de la part des marchés qui considèrent la candidate d’extrême droite comme moins fiable en termes de finances publiques. Son programme comprend l’avancement de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt (coût estimé de 26 milliards d’euros), la baisse de la TVA sur l’énergie (10 milliards d’euros) et un prêt de l’État à taux zéro pour favoriser l’accession à la propriété (13 milliards d’euros).

L’essentiel des recettes de financement proviendrait de mesures excluant les étrangers du versement des prestations sociales. Surtout, son élection serait perçue comme une menace pour la stabilité et la cohésion politique de l’Union européenne. Marine Le Pen souhaite en effet réimposer des contrôles aux frontières, réduire la contribution nette de la France au budget de l’UE et en remettre en cause la suprématie du droit européen.

Si Macron est réélu, les élections législatives pourraient être périlleuses pour son parti.

Si Emmanuel Macron perd la majorité parlementaire, il sera dans l’obligation de former un gouvernement de coalition, ce qui augmenterait le risque d’instabilité politique, et réduirait sa capacité à mettre en œuvre son programme. Bien que, depuis qu’elles sont organisées dans la foulée du scrutin présidentiel, les élections parlementaires ont toujours permis au président nouvellement élu d’avoir une majorité, la situation pourrait être différente cette fois-ci, notamment en cas de victoire sur un score serré.

Quelle que soit l’issue, l’économie française est confrontée à un environnement très défavorable, avec une reprise fortement contrainte par les conséquences de la guerre en Ukraine.

L’envolée des prix des matières 1ères va porter l’inflation à son plus haut niveau depuis des décennies, pesant sur la consommation des ménages. Dans le même temps, les entreprises subiront des hausses de coûts importantes. L’investissement des entreprises risque donc d’être freiné à la fois par l’incertitude économique et la baisse de leurs profits.

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