Toujours est-il qu’on assiste à un allongement de la durée des carrières en France, qu’il soit obligatoire ou proactif, et que cela présente un impact significatif sur les principaux concernés : les seniors bien sûr, mais également les actifs qui se projettent dans le financement de leur retraite à venir. Comment les Français vivent-ils cette situation ?
Quelques éléments de réponse dans la dernière étude d’Indeed, en partenariat avec Opinion Way. Et il s’avère que pour les répondants, les perspectives ne sont guère réjouissantes.
Méthodologie : L’étude « Aging population » réalisée pour Indeed en partenariat avec Opinion Way a été réalisée auprès d’un échantillon de 1012 personnes, représentatif de la population salariée d’entreprises privées de 20 salariés et plus, âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région d’implantation. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview). Les interviews ont été réalisées du 17 au 25 juillet 2024.
Contexte : le système des retraites par répartition s’écroule… et les Français le savent !
Le constat du Haut-Commissariat au Plan est clair : la population française vieillit à un rythme notable, si bien que les personnes de plus de 65 ans représenteront 30% de notre population en 2050, quand les moins de 20 ans en constitueront seulement 20%.
Un nouvel équilibre social est donc à trouver pour permettre au système de retraites actuel – lequel implique que sa propre retraite sera financée par les générations futures de travailleurs – de subsister. Car celui-ci vacille, et les Français en ont bien conscience :
- Il est même source d’inquiétudes pour 8 salariés sur 10
- 67% craignent de ne pas pouvoir toucher du tout de retraite quand leur tour sera venu
- 63% se demandent ainsi s’ils vont pouvoir partir à la retraite avant 70 ans.
Pour pallier ce déséquilibre porteur d’autant de craintes pour les Français, l’Etat cherche à allonger progressivement la limite d’âge de départ à la retraite, afin d’augmenter la durée des cotisations et préserver coûte que coûte le système par répartitions. La réforme de 2023, portée par Elisabeth Borne et fixant la date limite à 64 ans, en est la dernière expression. Or, ce contexte n’est pas exempt de conséquences pour les seniors actuels et futurs, qui voient leurs options se réduire drastiquement.
Conséquence : les seniors ont le choix entre la précarité économique… et la discrimination face à l’emploi.
Les actifs français l’ont bien compris : dans ce contexte, ne pas chercher d’alternative en se fiant au système actuel, c’est prendre le risque de subir la précarité.
C’est pourquoi, une partie des salariés est à la recherche d’alternatives pour s’assurer d’avoir un niveau de vie qui leur convient une fois à la retraite.
Un salarié sur deux compte avant tout sur son épargne personnelle pour financer sa future retraite (49%), ce qui signifie que seulement 51% des répondants conservent leur confiance dans le système de retraite actuel.
Pire, quelles que soient les évolutions à venir, 2 salariés sur 3 ont déjà en tête qu’ils auront besoin de continuer de travailler après l’âge légal de départ à la retraite pour obtenir un montant de pension qui leur permettra de vivre décemment (66%).
Or, la perspective de travailler après l’âge légal de départ à la retraite génère peu d’enthousiasme : 35% des salariés auraient envie de continuer de travailler après cette échéance et la part de ceux qui seraient prêts à accepter de travailler pour leur entreprise après l’âge légal est en recul de 6 points par rapport à 2022 (44%).
Et c’est là que la bât blesse : pour pouvoir rester en poste jusqu’à bénéficier d’un taux plein, il faudra aussi que l’employeur joue le jeu des prolongations :
Or, seulement un salarié sur deux constate que son entreprise aurait envie de garder ses salariés après l’âge légal de départ à la retraite (47%).
S’émanciper du système de retraites actuel en travaillant après l’âge limite, c’est donc certes une opportunité d’échapper à la précarité qui guette, mais c’est aussi prendre le risque de subir toujours plus de discriminations sur le marché de l’emploi en tant que senior.
Le cercle vicieux est donc difficile à nier pour les seniors : l’écroulement du système par répartition oblige, selon de nombreux Français, à un allongement de carrière contraint et forcé, après l’âge légal de départ à la retraite. Mais ce faisant, il accentuera les discriminations auxquelles les seniors doivent déjà se confronter. A l’heure où plus de 7 salariés sur 10 ont le sentiment que dès 45-50 ans, il est difficile de trouver un emploi, le constat est donc accablant : l’étau se resserre pour les seniors, tantôt exposés à la précarité découlant d’un système à bout de souffle, tantôt exposés à des discriminations qui ne s’atténueront pas avec l’âge, bien au contraire.
À propos d’Indeed
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