Retour sur l’intervention de MSF dans les Ehpad durant la pandémie de coronavirus en France

« Dès nos premières visites, nous avons compris que nous arrivions trop tard »

De l’Italie à l’Espagne en passant par la Belgique et la France,  les interventions de Médecins Sans Frontières liées à la pandémie de Covid-19 dans les maisons de retraite et autres établissements médico-sociaux, étaient inédites pour l’organisation. Chacune avec leurs spécificités, elles ont toutes dessiné les contours d’une même tragédie, celle d’une hécatombe à huis clos.

Faute de personnels, d’équipements de protection pour ceux présents, mais aussi d’accès aux soins, notamment hospitaliers, les personnes âgées placées en milieu institutionnel en Europe ont largement été laissées en tête-à-tête avec le virus. C’est le constat fait en France par des équipes MSF qui ont commencé début avril à se rendre dans une trentaine d’Ehpad pour y proposer un soutien médical et un appui technique.

« Dès nos premières visites en région parisienne, nous avons compris que nous arrivions trop tard : de nombreux pensionnaires étaient déjà infectés, plusieurs décès liés à la Covid-19 étaient survenus. Et si les résidents avaient été isolés, presque rien n’avait été prévu pour prévenir la transmission du virus au sein des personnels qui à ce moment-là n’avaient que très peu accès à du matériel de protection adapté », explique Olivia Gayraud, coordinatrice des activités MSF en Ehpad.

Dans la plupart des Ehpad où les équipes MSF sont intervenues, le personnel a été abandonné au plus fort de la crise, sans équipement de protection, sans renfort médical et paramédical, et en sous-effectif criant. Quant aux résidents, confinés dans leur chambre depuis le mois de mars, ils étaient devenus indésirables dans les services hospitaliers d’Ile-de-France.

Selon Jean-Hervé Bradol, ancien Président de MSF et médecin de l’équipe intervenant dans les Ehpad, « ce qui est scandaleux n’est pas que les résidents des Ehpad n’aient pas eu accès à la ventilation mécanique ; en raison de leur âge et de leurs comorbidités, ce type de réanimation est trop souvent un échec doublé d’une épreuve douloureuse. Le scandale et l’injustice résident dans le fait que même les transferts vers de simples lits de médecine à l’hôpital pour y recevoir de l’oxygène et des traitements associés ou des soins palliatifs étaient devenus impossibles ».

MSF poursuit aujourd’hui ses interventions en Ehpad à travers un soutien psychologique au personnel de santé.

Pour plus d’informations : https://www.msf.fr/actualites/coronavirus-en-ehpad-des-nos-premieres-visites-nous-avons-compris-que-nous-arrivions-trop-tard

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