L’objectif ? Réduire les déchets d’emballages à ce stade de la filière !
Co-portée par Réseau Vrac, WeBulk et Petrel, cette expérimentation de 5 mois a montré un bon potentiel : les bilans opérationnel et environnemental sont tous deux positifs ; non seulement le système de Hub Vrac fonctionne mais il représente également une véritable plus-value environnementale. En revanche, les résultats sont plus mesurés au niveau économique. Le modèle, qui reste à optimiser, doit passer à l’échelle pour assurer sa viabilité économique.
En pratique, un retour d’expérience positif
Première source de satisfaction pour les commerçants : la réduction des déchets d’emballages jetables. En effet, ces déchets ne correspondent pas à la philosophie du commerce vrac, ils peuvent engendrer un sentiment de malhonnêteté auprès du client, comme en témoigne Anne-Laure de Boc’s (15e arrondissement) : “Quand j’ouvre ma réserve qui donne directement sur les sacs jetables, l’image est problématique vis- à- vis de mes clients”
Autre point positif souligné : la robustesse des bacs. La casse produit s’est avérée finalement plus faible avec les bacs réutilisables qu’avec l’emballage classique jetable. Les emballages en plastique ou en kraft ne sont donc pas toujours idéaux en termes de protection produit. Des points d’amélioration ont été identifiés pour améliorer l’étanchéité de certains bacs. Côté nettoyage, le retour est très positif, selon le centre de nettoyage Pandobac.
Le test Hub Vrac a permis de répondre aux enjeux de protection produit, de praticité de manipulation et de stockage qui pouvaient jusqu’ici être un frein pour les fournisseurs et les commerçants. Il reste notamment des améliorations à apporter dans le volume des bacs et l’optimisation des palettes.
Bilan environnemental : les feux sont au vert !
Un risque identifié par les acteurs du projet de Hub Vrac était de déplacer le problème des emballages jetables vers une augmentation du bilan carbone ou de la consommation d’eau liés au transport et au nettoyage des bacs.
Après étude des données issues du pilote, il s’avère que les résultats sont positifs : le système de Hub Vrac présente bel et bien une plue-value environnementale.
Au bout de 7 cycles de bacs, le réemploi via le système WeBulk a un meilleur impact que le modèle préemballé.
Le pilote a permis de réduire les émissions CO2 de 0,5kg par rapport à un système de livraison directe avec emballages à usage unique. Enfin, on estime que 50kg d’emballages jetables ont pu être évités grâce à 161 bacs réutilisables vendus dans le cadre du pilote de Hub Vrac.
Un modèle économique à trouver
Le coût par cycle et par bac calculé pendant la phase de test regroupait le prix du bac, le transport, le stockage, le reconditionnement et le nettoyage. Les investissements du pilote ont été supportés par WeBulk et aucun surcoût n’a été appliqué ni pour les fournisseurs, ni pour les commerçants. Pour qu’un tel système soit rentable, des coûts supplémentaires importants devraient donc être appliqués au coût d’achat du produit, ce que les commerçants peinent à accepter. S’ils comprennent bien que le service ne peut pas être gratuit compte tenu du travail derrière, les commerçants expliquent que ce coût ne doit pas passer du simple au double et refusent de faire porter l’effort écologique sur le consommateur.
La solution résidera donc dans la massification des volumes qui permettrait d’optimiser les différents postes de dépenses et ainsi d’obtenir un coût par cycle et par bac acceptable. En prenant l’hypothèse d’une centaine de commerces clients d’un Hub Vrac en région Ile-de-France et d’un nombre de bac commandés supérieur au test, le coût par cycle diminue de 32%. Il faut également prendre en compte l’optimisation des coûts unitaires en fonction du volume (conditionnement, lavage, coût d’achat des bacs…) ainsi que le transfert de coûts induits par le modèle zéro-déchet (optimisation du transport amont, remplissage pris en compte, pas d’achat d’emballage unitaire…).
Enfin l’aide de collectivités territoriales ou de structures telles que l’ADEME, Léko ou Citeo pourraient permettre de soutenir financièrement la phase de passage à l’échelle du modèle.
En conclusion, un bilan très positif pour le Hub Vrac qui prouve son fonctionnement, son utilité et sa pertinence. Reste à penser un modèle économique efficace pour déployer et généraliser des plateformes de ce type comme le soulignent les principaux opérateurs du projet.
Selon Hugues Pelletier, fondateur de Petrel : ” Le projet HubVrac nous a permis de valider le fonctionnement opérationnel de la boucle de réemploi et de recueillir de nombreux enseignements. Le développement d’un outil de suivi adapté et l’utilisation du Petrel Hub a permis de suivre précisément les stocks de contenants sur toute la chaîne et de récupérer des données qualitatives sur les produits. Enfin nous avons pu valider l’avantage écologique du contenant réemployable dès 7 cycles d’utilisation. Il reste désormais à optimiser le bilan économique, en prenant en compte les transferts de coûts et des volumes plus importants “
Côté WeBulk, Laure Dijon, responsable des opérations explique que l’entreprise est très fière d’avoir participé à ce premier pilote en Ile-de-France : ” Nous avons eu beaucoup de plaisir à partager ce projet avec nos commerçants d’Île-de-France et à voir leur enthousiasme. Cela nous conforte dans notre envie de mettre en place des Hubs Vrac régionalement. Les résultats du Pilote nous montrent qu’opérationnellement cela est possible et répond aux exigences de nos épiceries. Il faut maintenant réussir à construire un modèle à grande échelle viable pour tous ! “
Selon Célia Renneson, directice générale de Réseau Vrac : ” L’expérimentation se conclut sur un bilan très encourageant pour le modèle Hub Vrac. Il prouve son fonctionnement, son utilité et sa pertinence. Reste à mettre en place une solution économiquement viable pour déployer et généraliser des plateformes à grande échelle. Certains de nos adhérents, attentifs à la démarche en Ile-de-France et convaincus de son importance se lancent dans la mise en place de Hub Vrac dans d’autres régions. “
Une évaluation francilienne qui a reposé sur une filière mobilisée
Le pilote a rassemblé 10 commerçants franciliens, 6 fournisseurs de produits vrac secs, 1 logisticien, 1 centre de lavage, 1 transformateur, 1 place de marché, 1 transporteur et l’association professionnelle Réseau Vrac. Il devait notamment permettre de tester l’efficacité d’un système de gestion circulaire des emballages amont (évaluation de la praticité d’utilisation pour les commerçants, de la conservation et bonne tenue des produits), de vérifier la pertinence écologique du système (pas d’effet rebond) ainsi que d’évaluer la faisabilité économique du projet.
Les commerçants franciliens ont ainsi pu tester un total de 20 références de produits vrac secs (farine, biscuits, fruits secs, pâtes, semoules…) dans des bacs réutilisables. En moyenne les commerçants achetaient 6 bacs par commande. Une boucle complète de bacs a pu être effectuée, à savoir une reprise des bacs vides en boutique par le transporteur, le nettoyage des bacs chez Pandobac et le reconditionnement de ces derniers chez FM Logistic.
Méthodologie : Pendant toute la durée du pilote, les commerçants ont dû scanner les bacs reçus et répondre à un questionnaire sur la qualité et la praticité des bacs et des produits grâce à l’application développée par Petrel. 75% des questionnaires ont été remplis par les commerçants, pour un taux de satisfaction de 90%.
Réseau Vrac est l’association interprofessionnelle dédiée à la démocratisation de la vente en vrac. Réseau Vrac structure et accélère le développement de ce nouveau marché pour donner accès à une consommation durable et responsable. Réseau Vrac représente plus de 1700 professionnels de la filière distributeurs, producteurs, fournisseurs et porteurs de projet en France et dans le monde.
WeBulk est la première marketplace française BtoB du vrac qui met en relation les magasins 100% vrac (zéro déchet) avec les producteurs et les belles marques de la bio française.
Petrel accompagne les distributeurs et les industriels dans leur transition vers une gestion circulaire de leurs emballages.
L’entreprise défend l’idée que l’avenir du commerce est au zéro déchet et au retour de la consigne en réponse aux nouvelles attentes des clients et du marché.