La rentrée est un grand jour pour les millions d’enfants scolarisés en France. Parmi tous les élèves accueillis aujourd’hui dans nos écoles, nombreux sont ceux qui ont passé la nuit dehors ou dans des abris de fortune.
En partenariat avec l’UNICEF France, la Fédération des acteurs de la solidarité publie son troisième baromètre « enfants à la rue ». Ce document recense le nombre de familles qui n’ont pas pu être accueillies dans des structures d’hébergement adaptées malgré leur demande auprès du 115, le numéro d’appel d’urgence pour les sans-abri (Ces chiffres concernent la France entière, y compris les DOM).
Notes sur la méthodologie : Le chiffre mentionné de 1 658 correspond au nombre d’enfants de moins de 18 ans qui ont demandé un hébergement au 115 mais sont restés sans solution. Il ne s’agit pas du nombre total d’enfants qui ont dormi à la rue étant donné que, parmi toutes les familles avec enfants effectivement sans abri, seule une partie appelle le 115 et que, parmi elles, seule une partie parvient à joindre un opérateur 115 au téléphone. Le chiffre de 1 658 est donc inférieur au nombre total d’enfants qui ont dormi à la rue, nombre qu’il est impossible de connaitre à l’heure actuelle.
1 658 enfants sans solution d’hébergement avant la rentrée scolaire
Le baromètre détaille la situation des personnes en famille : les couples ou groupes avec enfants ainsi que les familles monoparentales.
Dans la nuit du 22 au 23 août, 3 133 personnes en famille qui avaient sollicité le 115 n’ont pas pu être hébergées faute de places dans les structures d’hébergement pouvant les accueillir. Parmi elles, 1 658 étaient des enfants de moins de 18 ans dont 368 avaient moins de trois ans.
1 658 enfants de moins de 18 ans ont donc été sans solution faute de places disponibles ou compatibles avec la composition du ménage. Parmi eux, 1 219 ont dormi à la rue la veille de leur demande. Certains d’entre eux, bien qu’il soit impossible d’en évaluer le nombre, n’auront d’ailleurs pas la chance d’emprunter le chemin de l’école aujourd’hui. Pourtant, la France, en ratifiant la Convention internationale des droits de l’enfant, s’est engagée à assurer leurs droits fondamentaux notamment leur droit au développement, à la protection à la santé et à l’éducation.
Une augmentation importante malgré les enseignements de la crise sanitaire
En dépit des moyens inédits mobilisés par l’Etat pour pérenniser 200 000 places d’hébergement depuis la crise sanitaire en 2020, la situation reste très préoccupante.
Depuis janvier 2022, le nombre de familles restées sans solution a augmenté ; passant de 1 774 demandes non pourvues au 31 janvier 2022 à 3 133 au 22 août 2022, soit une augmentation de 77 %. Au 1er septembre 2020, le nombre de personnes en famille en demandes non pourvues était de 2 925.
Quelle que soit la période, Paris reste le département comptabilisant le plus grand nombre de demandes non pourvues (DNP) de personnes en famille (733, auxquelles il faut ajouter 147 femmes enceintes de plus de trois mois), suivi du Nord (239), de la Seine-Saint-Denis (231) et du Bas-Rhin (212). Ce contexte est identique dans plusieurs autres départements où la situation de l’hébergement est particulièrement tendue (cf. analyse complète du Baromètre).
Pour ceux qui ont pu être hébergés temporairement, le recours aux nuitées hôtelières devient alors la principale réponse apportée. Or, l’hôtel est inadapté à la vie de famille et ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des 27 102 enfants dont 9 201 ont moins de trois ans qui y vivent.
Il est urgent d’agir
L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité appellent le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour que plus aucun enfant ne dorme à la rue et qu’ils soient mis en sécurité et hébergés dans des conditions conformes à leur intérêt supérieur. Dans de nombreux départements, les nouvelles familles qui sollicitent le 115 ne se voient pas proposer d’hébergement faute de places disponibles ou compatibles avec la composition du ménage.