Indeed s’est penchée sur la perception des Français (salariés du public ou non) à l’égard du secteur, dans le cadre de son étude portée auprès de 1600 salariés. Et il s’avère que la “crise” est sur toutes les lèvres… et qu’elle semble lourde de conséquence.
Méthodologie : Mené du 10 au 19 mai 2023, ce sondage a interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) un échantillon de 1594 salariés du secteur public et du secteur privé, représentatif de la population salariée française. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.
Constat : Les crises du secteur public s’enchaînent… sans jamais s’arrêter
Un premier constat donne le ton : plus de trois salariés sur quatre jugent actuellement que le secteur public est en crise (77%). Ce sentiment s’avère encore plus fort chez les salariés du public, chez qui le taux atteint 88%. D’où vient une telle observation ?
D’abord, les conséquences de la crise sanitaire sur le secteur public ont été perçues comme désastreuses : plus de deux salariés du public sur trois déplorent des conditions de travail dégradées depuis 2020 (68%), un constat encore plus fort parmi les salariés du secteur public (75%).
Plus récemment, le vote de la réforme des retraites d’avril 2023 a aussi eu des répercussions négatives sur le secteur public selon une majorité de répondants, cette mesure étant décriée par les salariés du public notamment (76%), lesquels craignent pour leur avenir. Cette réforme a même eu pour effet d’entamer :
La motivation des agents du public, ressenti par sept fonctionnaires sur dix (70%) et perçu par près de six salariés du privé sur dix (56%).
L’attrait des jeunes pour le secteur, près d’un salarié sur deux – public et privé confondus – déclarant que la réforme restreindrait l’envie des jeunes d’intégrer le secteur public à l’avenir (45%, 56% selon les fonctionnaires).
Enfin, les salariés du public en particulier font état d’un fort mécontentement s’agissant de conditions de travail précaires voire dégradées.
Les salariés du public et fonctionnaires sont en effet les premiers à déplorer que les métiers du public ne soient pas suffisamment valorisés (92% contre 69% des salariés du secteur privé), qu’ils payent mal (86% contre 62%) et qu’ils soient difficiles (69% contre 44%).
Ces conditions de travail ne sont pas sans conséquence sur l’état de santé mental des personnes exerçant dans le public, c’est du moins ce que semblent relever les premiers concernés : 59% des salariés du public relatent un nombre plus important de burn-out dans le public que dans le privé (contre 45% selon les salariés du privé).
Dans cette perception assez sombre du secteur public, on observe toutefois que ce sont les moins de 35 ans qui ont davantage le sentiment que les conditions de travail se sont dégradées dans le secteur public, notamment depuis la crise Covid-19 (74% contre 65% des 50 ans et plus). Ce dernier constat, en plus de démontrer la pérennité de la crise, laisse présager des effets secondaires néfastes pour l’ensemble du secteur à moyen et long termes. Mais quels sont-ils ?
Conséquences : les Français peuvent-ils tourner le dos au secteur public ?
Il est incontestable que les salariés du public et fonctionnaires expriment une fierté à travailler dans le public : trois quart d’entre eux se déclarent même satisfaits d’en faire partie (74%).
Un score qui s’avère plus élevé parmi les salariés d’une entreprise publique (82%) que les fonctionnaires (72%).
En outre, et au regard des dégradations des conditions de travail constatées, moins d’un salarié du public sur cinq exprime en effet une satisfaction très tranchée à l’idée de travailler dans le secteur public, puisque 19% seulement se disent très satisfaits sur les 74% susmentionnées.
Ce contexte est plus que jamais le signe d’une potentielle désertion d’un secteur public qui, de plus en plus, souffre d’un déficit d’attractivité, particulièrement auprès des plus jeunes actifs. C’est pourquoi plus de trois salariés du public sur cinq affirment en effet être prêts à rejoindre le privé (63%), un score particulièrement fort parmi les moins de 35 ans (74%).
Pour les salariés du public n’excluant pas de bifurquer, le principal facteur d’attractivité du secteur privé demeure de loin la rémunération (83%), suivi des meilleures conditions de travail (65%).
Trouver un travail plus intéressant (53%) et avoir le sentiment que ses missions dans le secteur public n’ont plus de sens (49%) sont également des critères ayant un impact sur le choix de passer dans le secteur privé.
“Crise” est donc le maître mot sollicité par les Français pour décrire l’état du secteur public. Une crise largement perçue par les salariés concernés, lesquels évoquent des conditions de travail dégradées au cours des dernières années, particulièrement depuis la crise sanitaire et la réforme des retraites. Un contexte tout à fait susceptible de provoquer une véritable déshérence du secteur si rien n’est fait pour booster son attractivité.
En résumé
- 77% des Français jugent le secteur public en crise ; chez les salariés du public eux-mêmes, le taux atteint 88%
- 75% des salariés du public déplorent des conditions de travail dégradées depuis 2020 et la crise sanitaire
- 59% des salariés du public relatent un nombre plus important de burn-out dans le public que dans le privé
- Plus de trois salariés du public sur cinq affirment en effet être prêts à rejoindre le privé (63%)
À propos d’Indeed
Indeed, moteur de recherche d’emploi au monde, est disponible dans plus de 60 pays et dans 28 langues, Indeed représente la première source de candidats pour des milliers d’entreprises.