Interview exclusive de Julia Paris

PèreLaFouine : Julia Paris, qui êtes-vous ? Comment êtes-vous devenue auteure/interprète ?

Julia Paris : J’ai 24 ans et je suis auteur, interprète et productrice ! Malgré des études plutôt strictes (Maison d’Education de la Légion d’Honneur, Louis le Grand, SciencesPo) qui ne me prédestinaient pas à une carrière artistique, j’ai très tôt écrit des textes et paroles de chansons.

En 2017, j’ai porté sur scène mon premier spectacle musical « Edith Piaf : entre France et Amérique » à la Comédie des Champs Elysées.

Puis, à la suite de cette belle expérience j’ai travaillé pour des artistes comme Louane, Arcadian… en leur proposant des textes.

Malheureusement, même si certains avaient été retenus en première écoute, aucun n’a été sélectionné pour faire partie définitivement de leur album.

En 2019, j’ai eu la chance de travailler avec Alain Delon qui a déclamé un de mes textes sur une musique de Rick Allison, « Je n’aime que toi ».

Cette collaboration a été un déclic, si je voulais que mes textes existent ailleurs que sur le papier, il fallait impérativement que je les chante ! J’ai donc créé mon label « Productions Liberté » en octobre 2019 et travailler ma voix assidûment pendant plusieurs mois avec une coach vocale, Zoé Gilbert.

En janvier 2020 est sorti mon premier EP éponyme composé de 4 titres pour lesquels j’ai travaillé avec les compositeurs Rick Allison et Yacine Azeggagh.

C’est avec ce dernier que j’ai poursuivi l’aventure en sortant en pleine crise sanitaire « Fugue en Italie » et son clip en motion design réalisé pendant le confinement par les graphistes Marie Kaw et Antoine Chassin.

Ce titre a eu énormément de succès et m’a permis de jouer l’été dernier sur des scènes aussi prestigieuses que la Citadelle de Saint Tropez ! En octobre 2020 est sorti EN VOL, mon premier album dont le single « Il suffirait de rien » a été porté à l’image dans un clip noir et blanc réalisé par Emanuele Scorcelletti.

J’aurais alors dû remonter sur scène pour défendre cet album mais la Covid a eu raison des dates qui étaient programmées ! Il fallait donc trouver d’autres idées….

J’ai alors proposé à Tency Music et Version Karaoké cette idée de reprises hebdomadaires ce qui m’a permis d’obtenir les droits des chansons que j’interprète chaque mardi !

PèreLaFouine : Comment sélectionnez-vous les chansons reprises de grands artistes dans votre playlist ?

Julia Paris : Avant tout je les sélectionne par plaisir de chanter des titres qui me plaisent ! Je pense sincèrement que l’objectif d’un bon interprète est de réussir à partager ses chansons avec son public !

Ainsi j’ai d’abord sélectionné des chanteurs et chanteuses qui me touchent et qui m’ont accompagné durant la construction de mon univers musical.

J’essaie également de reprendre des chansons qui ne sont pas forcément celles auxquelles on pense immédiatement en parlant de tel ou telle interprète.

Par exemple pour Joe Dassin je ne voulais absolument pas reprendre “Les Champs-Elysées“.

En choisissant “La fleur aux dents” je voulais partager, faire découvrir une chanson qui me tenait particulièrement à cœur ! Il en va de même pour « Le Sud » ou « L’amitié ».

Par ce travail je n’essaie pas d’atteindre une perfection absolue, ces reprises sont vraiment à l’état de maquettes et n’ont pas la qualité des titres de mon album dans leur traitement ou leur enregistrement.

Je les enregistre seule dans mon home studio et n’essaie pas de trafiquer ou d’arranger ma voix par la suite.

Je crois que c’est important de le préciser car de plus en plus de personnes sont complexées à l’idée de chanter et pour cause – la majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des chanteurs qu’ils entendent ont une voix arrangée.

Dur de passer ensuite avec une voix normale ! Or je suis convaincue qu’il faut chanter ! Et pas uniquement dans sa salle de bain ! Il y a des pays où les gens n’ont pas peur de chanter, n’ont pas peur de faire du bruit, ils craignent moins le regard des autres et ont tendance à se prendre moins au sérieux.

Bien sûr je ne dis pas qu’il faut faire absolument n’importe quoi en tant que professionnels mais, le mieux étant l’ennemi du bien, je reste persuadée qu’en chantant ses reprises tout au long de l’été je rejoins une des missions fondamentales d’un chanteur à savoir donner à son public l’envie de chanter.

PèreLaFouine : qu’est-ce qui vous différencie des autres chanteuses/chanteur de votre génération ?

Julia Paris : Je pense que très vite j’ai su ce que je voulais et ce que je ne voulais pas faire : en créant mon label j’ai gagné la liberté d’impulser à mon projet la direction musicale que je souhaitais.

Je n’essaie pas de courir après une mode, juste d’être en phase avec ce que je suis et ce que je pense que notre époque attend de ses artistes.

J’accorde également énormément d’importance aux textes de mes chansons ! C’est un artisanat qui se perd ! Il y a beaucoup moins de paroliers, les labels veulent des artistes complets qui peuvent écrire, composer, chanter… Mais savoir tout faire n’est pas humain ! Or une chanson reste avant tout pour moi une des meilleures expressions de notre humanité ! C’est pour cette raison que j’ai essayé de déléguer au maximum la composition et les arrangements dans mes créations ! C’est un travail d’équipe, un partage, un gage de qualité et d’excellence que l’on retrouve dans les chansons que je reprends ! Pourquoi n’arrêtons-nous pas de redécouvrir des artistes comme Piaf, Trenet, Brel, Montand, Ferrer, Hardy, Dassin, Gall, Berger…?

Parce qu’ils ont eu le génie de savoir s’entourer et de ne pas se prendre trop au sérieux ! C’était des artistes « vrais » qui faisaient de « vraies chansons » françaises.

Mais loin de moi l’idée de tenir un discours passéiste ! Je suis convaincue qu’on peut ré-atteindre ce niveau d’excellence aujourd’hui sans tomber dans la variétoche has-been et démodée ! C’est mon travail et mon objectif !

PèreLaFouine : En tant que chanteuse, comment vivez-vous la pandémie de la Covid-19 et la fermeture des salles de spectacles durant des mois ?

Julia Paris : Évidemment cette période a été très dure aussi bien psychologiquement que professionnellement pour les artistes.

La scène fait partie intégrante de notre vie ! Elle est même la première source de revenue pour une majorité de chanteurs !

Il a fallu se réadapter, inventer, transformer les problèmes en opportunités… Personnellement j’ai eu la chance d’avoir tout au long de l’année 2020 des projets musicaux que ce soit « Fugue en Italie » ou mon album et les moyens de les mettre en œuvre de manière indépendante.

Ça n’a pas été facile en tant que chanteuse, ça l’a été encore moins en tant que chef d’entreprise mais en conciliant ces deux casquettes et en regardant le chemin parcouru en 2020 je pense sincèrement que je n’ai pas le droit de me plaindre ! J’attends juste avec impatience de remonter sur scène en espérant qu’il n’y aura pas de nouveaux variants pour contrarier les festivals et spectacles qui se remettent en ordre de marche !

Pour en savoir plus sur Julie Paris : http://www.julia-paris.fr/

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