Lorsque j’étais à l’école primaire, il y avait l’école des filles et l’école des garçons ; d’ailleurs, sur les anciens bâtiments scolaires, il y a encore cette notion gravée dans la pierre. Pour les filles, c’était le rose et pour les garçons, le bleu. Les filles jouaient à la poupée, faisaient de la trottinette, … et les garçons à des jeux plus virils comme jouer aux cowboys et aux indiens.
Tout était cadré, normé ; en grammaire, on apprenait que le masculin l’emportait sur le féminin (et ça se disait comme cela) ; d’une certaine manière, c’est pratique d’avoir des normes pour l’écriture.
Mais en parlant d’écriture, tout était tellement normé que même la main qui tient le porte-plume (et oui, on écrivait avec un porte-plume, qui avait une plume Sergent Major que l’on trempait dans un encrier) devait être la main droite – et oui, des générations de « gauchers contrariés ».
Cela semble naturel, aujourd’hui, de laisser la main qui correspond à sa – je ne sais comment – morphologie, mais cela ne l’était pas jusque dans les années 1960, voire même 1970.
Et si c’était pareil pour fille et garçon ? À part quelques cas spécifiques, la médecine peut dire que telle personne soit une fille ou soit un garçon. Mais si quelque chose, dans le cerveau, dit physiologiquement « médicalement je suis une fille mais mentalement je suis un garçon ou je suis neutre », ou le contraire « médicalement je suis un garçon mais mentalement je suis une fille ou je suis neutre ». Il faut admettre qu’il y a des personnes non binaires, transgenres, et celles qui s’identifient ailleurs sur le spectre du genre.
Je ne veux pas parler d’homosexualité ; un homosexuel homme est un homme, une homosexuelle femme est une femme. Je veux parler de personnes qui, dans leur esprit, ne sont pas ce que leur corps présente.
Nous sommes peut-être face à une approche telle que celle des gauchers contrariés : même si ton cerveau te dit que ce serait mieux d’écrire de la main gauche, tu écriras de la main droite. Même si ton cerveau te dit que tu es une fille, physiquement tu es un garçon, ou le contraire.
Certains diront que c’est un effet de mode, pour se démarquer des « anciens », mais c’est tout de même un comportement mondial.
Dans un monde en constante évolution, où les normes sociales et les perceptions se transforment à un rythme jamais vu auparavant, il est essentiel d’envisager l’avenir de la distinction entre les genres avec une perspective ouverte et inclusive. À l’horizon, nous pourrions assister à un déclin progressif des stéréotypes de genre rigides, laissant place à une société où l’identité de chacun est reconnue et respectée, non pas en fonction de critères physiques ou traditionnels, mais sur la base de l’expérience individuelle et du sentiment personnel d’identité.
L’éducation jouera un rôle crucial dans cette transformation, en promouvant une compréhension plus nuancée du genre, qui reconnaît la diversité des expériences humaines. Les établissements éducatifs pourraient adopter des curriculums qui dépassent les distinctions binaires, préparant les jeunes à vivre dans un monde où la flexibilité et l’acceptation des différences sont la norme.
Sur le plan médical et psychologique, nous pourrions voir un développement accru des recherches et des pratiques soutenant les personnes non binaires, transgenres, et celles qui s’identifient ailleurs sur le spectre du genre, garantissant un soutien adapté à chacun. La médecine personnalisée, prenant en compte les aspects physiologiques et psychologiques de l’identité de genre, pourrait offrir des traitements et des conseils plus ciblés.
Dans le domaine législatif, les politiques et les lois pourraient évoluer pour offrir une protection et une reconnaissance accrues des droits des personnes de tous les genres, en éliminant les discriminations et en favorisant l’égalité. L’identification légale pourrait s’adapter pour refléter cette diversité, avec des options plus flexibles sur les documents officiels.
Enfin, sur le plan social, la multiplication des représentations des identités de genre dans les médias, la littérature et l’art contribuera à normaliser la diversité des expériences de genre. Les récits mettant en avant des personnages aux identités diverses pourront enrichir notre compréhension collective et favoriser une empathie plus profonde envers les expériences des autres.
Ainsi, l’avenir pourrait être celui d’une société où la question “Fille ou garçon ?” perd de son importance face à la question plus essentielle : “Qui êtes-vous ?”. Une société qui célèbre la richesse de l’expérience humaine dans toute sa diversité, où chaque individu est libre de définir et de vivre son identité sans contraintes ni préjugés.