AI-COLLAR : une étude française pionnière qui redéfinit les normes de santé cardiaque et respiratoire du chien

Une révolution scientifique made in France

La médecine vétérinaire vient de franchir un cap majeur. Pour la première fois, une étude internationale menée depuis la France permet d’établir une base de référence scientifique sur la santé cardiaque et respiratoire des chiens dans leur environnement naturel. Publiée en septembre 2025 dans Frontiers in Veterinary Science, cette étude baptisée AI-COLLAR — dirigée par la Pr Valérie Chetboul, cardiologue vétérinaire de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) et chercheuse à l’INSERM — bouleverse la compréhension du cœur canin.

En collaboration avec les ingénieurs d’Invoxia, l’entreprise française à l’origine du Biotracker GPS for Dogs®, un collier biométrique connecté, l’équipe a suivi 703 chiens de 113 races différentes, dans 29 pays, pendant plusieurs mois. L’objectif : observer leurs rythmes cardiaques et respiratoires au repos dans leur vie quotidienne, sans stress ni contrainte, pour fournir une image fidèle de leur physiologie réelle.

Des résultats qui redéfinissent les standards vétérinaires

Jusqu’à présent, les vétérinaires s’appuyaient sur des normes établies en clinique, où les chiens sont souvent stressés par l’environnement médical. Ces valeurs dites “normales” situent la fréquence cardiaque au repos entre 70 et 180 battements par minute (bpm) — voire 220 bpm pour les chiots.

L’étude AI-COLLAR bouleverse ces repères : les données collectées montrent que le rythme cardiaque réel des chiens au repos est bien plus bas.

Autrement dit, la véritable plage physiologique au repos se situerait plutôt entre 50 et 80 bpm pour la majorité des chiens.
La respiration suit une logique similaire : elle ralentit la nuit et varie selon la taille et la race. Les chiens de moins de 20 kg affichent une fréquence moyenne de 62,1 bpm contre 59,5 bpm pour les plus lourds. Les Golden Retrievers et Border Collies ont une fréquence cardiaque plus basse, tandis que les Bergers Australiens présentent une fréquence respiratoire légèrement plus élevée.

Ces différences appellent à réviser certaines normes vétérinaires afin d’éviter des diagnostics erronés ou des inquiétudes injustifiées chez les propriétaires.

Une technologie biométrique au service de la science

Le Biotracker GPS, développé par Invoxia, repose sur une technologie innovante de sismocardiographie — une méthode inspirée des sciences sismiques, enregistrant les vibrations infimes provoquées par les battements du cœur et les mouvements respiratoires.

Les mesures, automatiques et non invasives, ne se déclenchent que lorsque le chien est immobile pendant au moins quarante secondes, assurant des données représentatives de son état de repos. Les signaux recueillis sont ensuite analysés par des algorithmes d’intelligence artificielle, capables de distinguer les cycles cardiaques et respiratoires avec une précision supérieure à 98 %.

Grâce à cette technologie, les chercheurs ont pu suivre les chiens jour et nuit, pendant plusieurs mois, sans perturber leur mode de vie. Cette approche “naturaliste” constitue une avancée majeure par rapport aux mesures ponctuelles réalisées en clinique.

« Cette étude ouvre une nouvelle ère pour la cardiologie vétérinaire prédictive », souligne la Pr Valérie Chetboul. « Les dispositifs connectés permettent désormais un suivi individualisé, des alertes précoces et une véritable médecine vétérinaire préventive. »

Une étude d’ampleur et une méthodologie rigoureuse

L’étude AI-COLLAR s’est déroulée sur trois ans (2022–2025), sous forme d’étude observationnelle prospective. Les chiens ont été sélectionnés selon des critères précis : ils devaient être “apparemment en bonne santé”, selon un questionnaire de leurs propriétaires. Toute anomalie clinique rapportée ou statistique détectée par l’algorithme entraînait leur exclusion de l’analyse.

Les données collectées — fréquence cardiaque (HR) et fréquence respiratoire (RR) — ont ensuite été croisées avec plusieurs paramètres : âge, poids, race, sexe, heure de la journée et saison. Ce travail de corrélation fine a permis de dégager des tendances robustes et de mettre en évidence les variations physiologiques naturelles.

Ainsi, les mesures montrent une nette baisse des constantes vitales la nuit (p < 0,0001), confirmant la présence d’un rythme circadien marqué chez le chien. De plus, l’étude révèle des variations saisonnières inversées : la fréquence cardiaque diminue l’été, tandis que la respiration s’accélère, illustrant le rôle du halètement dans la régulation thermique.

L’intelligence artificielle, outil de détection précoce

Au-delà de ces moyennes, les chercheurs ont mis en lumière un cas frappant : celui d’un chien ayant développé un œdème pulmonaire lié à une maladie valvulaire. L’analyse rétrospective a révélé que, 120 jours avant l’apparition des symptômes visibles, la fréquence cardiaque de l’animal avait commencé à augmenter de manière anormale — un signal précurseur que seul l’algorithme du Biotracker avait détecté.

Cette observation illustre le potentiel de l’IA à repérer les signaux faibles d’une décompensation cardiaque avant même que le maître ou le vétérinaire ne s’en aperçoive.

Pour Clément Moreau, directeur général d’Invoxia :
« Nous sommes fiers que le Biotracker GPS démontre ainsi sa capacité à accompagner les vétérinaires dans leur pratique et à rassurer les maîtres. C’est une technologie d’alerte précoce qui sauvera des vies. »

Vers une médecine vétérinaire prédictive et connectée

Les conclusions de l’étude AI-COLLAR dépassent le cadre de la recherche académique : elles ouvrent la voie à une transformation structurelle de la médecine vétérinaire.

À terme, ces colliers intelligents pourraient :

Ces avancées s’inscrivent dans une dynamique plus large : celle d’une médecine prédictive et participative, où la donnée biométrique devient un véritable outil de prévention.

L’étude AI-COLLAR marque un tournant historique pour la cardiologie vétérinaire. En démontrant que les fréquences cardiaques et respiratoires réelles des chiens au repos sont bien inférieures aux standards admis, elle jette les bases d’une refonte complète des normes de référence.

Grâce à l’IA et aux objets connectés, le suivi des animaux s’émancipe désormais des murs des cliniques pour entrer dans les foyers. La médecine vétérinaire devient plus continue, plus fine et plus humaine, permettant d’intervenir avant la maladie plutôt qu’après son apparition.

Un pas de géant pour la science, et une promesse d’avenir pour tous les compagnons à quatre pattes.

Méthodologie :

Étude observationnelle prospective (2022–2025) menée en conditions réelles, auprès d’une cohorte internationale de chiens « apparemment en bonne santé ». Les données cardiorespiratoires au repos ont été collectées à domicile via un collier connecté (sismocardiographie assistée par IA), avec enregistrement automatique uniquement lorsque le chien était immobile, afin de garantir des mesures représentatives du repos. L’inclusion reposait sur un questionnaire de santé propriétaire et des métadonnées complètes (âge, sexe, race, poids). Les chiens présentant des signes cliniques rapportés ou des anomalies statistiques détectées au cours du suivi ont été exclus. Les mesures, répétées sur plusieurs mois par animal, constituent un ensemble longitudinal robuste pour l’analyse des facteurs intrinsèques et extrinsèques influençant la physiologie cardiorespiratoire.

Quitter la version mobile