La justice mauritanienne retrouve sa substance
Les hommes d’affaires Mohamed Ould Bouamatou et Moustapha Ould Limam Chafi peuvent pousser un ouf de soulagement. Après plusieurs années loin de la Mauritanie, ils peuvent à présent envisager de rentrer au pays natal. En effet, le pôle anti-corruption du parquet du tribunal de Nouakchott a annulé les poursuites judiciaires et le mandat d’arrêt international contre Mohamed Ould Bouamatou pour « corruption et fraude fiscale ». L’ancien régime du président Aziz a accusé le fondateur de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM) d’avoir financé un groupe de sénateurs qui avait mené une fronde contre son référendum constitutionnel de 2017.
Le pôle antiterroriste a également annulé les poursuites et le mandat d’arrêt lancé en 2011 pour « connivence et liens avec les groupes djihadistes au Sahel » contre Moustapha Ould Limam Chafi, un homme bien introduit dans les palais présidentiels d’Afrique.
L’abandon des poursuites contre l’affairiste Moustapha Ould Limam Chafi et le banquier Mohamed Ould Bouamatou s’inscrit dans une dynamique de normalisation de la vie politique en Mauritanie. Depuis son arrivée au pouvoir en août 2019, Mohamed Ould Ghazouani a ouvert une transition démocratique dans son pays à travers une série d’actions en faveur de l’opposition et des libertés individuelles.
La Mauritanie expérimente les pratiques démocratiques
D’abord au niveau de l’opposition politique, le président mauritanien a initié un dialogue dès sa prise de fonction. Cette initiative visait à recenser les revendications des différents partis pour désamorcer la tension sociale. Lors des échanges, les leaders de l’opposition avaient notamment demandé le retour d’exil de Mohamed Ould Bouamatou et Moustapha Ould Limam Chafi.
Au niveau des libertés, le nouveau pouvoir permet au peuple de s’exprimer dans les règles, comme dans toute bonne démocratie. On en veut pour preuve la grande manifestation devant le palais présidentiel le 13 décembre 2019 pour demander le retour au pays des exilés politiques. Un évènement impensable sous la dictature d’Abdel Aziz.
Aujourd’hui, si tout n’est pas parfait, les Mauritaniens se réjouissent de ce qui a été déjà fait en seulement huit mois de gouvernance. Conscients que Ghazouani peut mieux faire avec le temps, ils se montrent de plus en plus patients avec lui. Les hommes politiques également font bloc autour de lui pour lancer véritablement la Mauritanie sur les rails d’un Etat de droit.