Une majorité des répondants (53%) affirme ainsi être opposée, personnellement, à ce que les autorités sanitaires puissent rendre obligatoire l’installation d’une application chez tous les détenteurs de téléphones portables pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus. C’est selon la proximité partisane que cette opinion évolue, l’électorat de gauche y étant fortement opposé (75% des sympathisants de LFI et 57% des sympathisants PS/DVG) quant à l’inverse les personnes se déclarant proches de LR ou de LREM y sont majoritairement favorables (62% pour les sympathisants LREM, 56% pour sympathisants LR).
Ce sont aussi plus précisément les jeunes, les cadres et professions supérieurs ainsi que les habitants des grandes aires urbaines qui manifestent un soutien à une telle mesure. Quant à l’inverse, les habitants des communes rurales sont à peine un tiers à exprimer leur accord sur la mise en place d’un tel dispositif coercitif. Ces expressions contradictoires se nourrissent certainement du rapport même qu’entretiennent les personnes avec leur smartphone, au quotidien. Hors de la lecture partisane de la prise de position des Français, c’est potentiellement la « connectivité » des individus qui favorise leur soutien à une application de traçabilité par mobile.
Plus intéressante encore est la question posée dans cette étude, non plus tant sur l’adhésion à une obligation d’utiliser un dispositif de traçabilité, que sur la disponibilité de chacun à l’installer sur son propre téléphone portable de manière volontaire. Il s’agit là de l’option privilégiée par le gouvernement dans les conditions du déploiement de l’application « StopCovid ». La dimension non coercitive de cette mesure produit une adhésion plus importante au sein de l’électorat de gauche, articulée autour des questions de libertés publiques. Ainsi, ce ne sont plus « que » 68% des sympathisants LFI qui refusent l’idée d’installer cette application sur leur smartphone, et 49% des sympathisants PS/DVG. Mais, au total, cette proposition gouvernementale peine à convaincre l’opinion, 46% s’y déclarant favorable, 45% s’y déclarant opposé. Seul le socle des sympathisants de LREM soutient fortement cette proposition (61%) sur laquelle la réalité de l’efficacité fait déjà l’objet de polémique.